Après avoir partiellement réouvert la semaine dernière pour les plus grands, l’école américaine accueille à nouveau aujourd’hui tous les élèves.
Awatef Yazidi, chargée de communication nous a expliqué que la direction avait voulu éviter aux plus jeunes la vue de leur école saccagée. On rappelle que le 14 septembre, en réaction au film américain “l’innocence de l’Islam” jugé insultant pour les musulmans, des centaines de manifestants avaient attaqué l’ambassade des États-Unis et l’école américaine. Le bilan est lourd: 4 morts et des dizaines de blessés ainsi que d’énormes dégâts matériels. Baya s’est rendue sur place pour voir l’étendue des dégâts autant matériels que psychologiques.
A peine le grand portail passé, on se retrouve dans un décor de guerre: char garé dans la cour, militaires armés, bâtiments incendiés, on est très loin de l’image d’une école. Awatef m’explique que c’est le poste de sécurité qui a été d’abord détruit avec des cocktails Molotov, ensuite la bibliothèque a pris feu, détruisant dix mille livres. Elle était chez elle quand elle a appris l’attaque: “Je n’aurais jamais pensé qu’il puisse nous arriver ce genre de choses.
Quand j’ai vu les images à la télévision, j’ai pleuré mais découvrir la réalité des choses sur le terrain, samedi matin, a été encore plus terrible. Tout ou presque a été volé et ce qui n’a pas pu être volé parce que trop gros ou trop lourd comme les photocopieuses par exemple a été méthodiquement détruit. Tout a été renversé, cassé, déchiré. Parents, anciens élèves et bénévoles sont venus tous les jours pour nous aider à remettre les choses en place. La facture des dégâts s’élève à 5.5 milliards”.
Sihem Errached, enseignante de français, est encore traumatisée: “En arrivant samedi, quand j’ai vu les locaux incendiés, je n’ai pas pu m’empêcher de pleurer mais découvrir ma classe a été un choc encore plus terrible. Tout était par terre, les affaires des enfants, les dossiers, les boîtes d’archives et quelqu’un a pris un malin plaisir à faire pipi dessus. c’était horrible. Cet évènement est vraiment stressant, j’ai l’impression d’avoir un poids énorme sur la poitrine. Des psychiatres et des psychologues sont d’ailleurs venus en parler avec nous”.
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