Très différent ce qui existe aujourd’hui sur le marché tunisien, ce magazine luxueux ambitionne sans complexe de s’approcher des plus grands tels que VOGUE, incontournable en matière de haute couture. Et cette ambition, ce challenge émane de la volonté d’un jeune homme de 24 ans, Seif Dean Louiti, le fondateur du magazine, styliste lui même. 24 ans, c’est aussi la moyenne d’âge de la petite équipe du magazine.
Fini les copié-collé d’internet : de vrais shootings avec de vrais modèles tunisiens, des vraies mises en scène en studios avec des vêtements disponibles en Tunisie puisque créés par des créateurs tunisiens. FFDesigner a laissé sans voix et contredit tout les patrons de presse qui se plaignent à longueur d’année de ne pouvoir « produire local »… ces mêmes patrons feraient bien de s’inquiéter, car les annonceurs étaient eux aussi bouche bée devant la qualité des images, des idées et du graphisme de ces 130 pages qui vont révolutionner la presse de mode tunisienne, pour autant qu’elle existât.
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FFDesigner veut créer la tendance, proposer une mode tunisienne, un art de vivre à la tunisienne. Le magazine fera d’ailleurs régulièrement appel à des photographes et des stylistes tunisiens pour les séances studios afin de renouveler sans cesse les genres. Quand aux mannequins, une base de données a été créée pour de vrais looks, sans compter le casting sauvage auquel désormais il faut se préparer.
Seif styliste, diplômé d’Esmod, deux ans à Esmod Pékin possède lui même sa marque, Narcisso Domingo Machiaveli, sous laquelle il propose ses créations : vêtements, accessoires, chaussures…pourquoi ce nom? Le premier pour le mythe de Narcisse qui n’en finit pas de se regarder, un peu comme les accro de look, le second pour le peintre Dali qu’il adore, et le dernier pour le philosophe dont il partage les valeurs…il lance également sa première collection de bijoux : «les trésors de Machiaveli», uniquement vendus à l’occasion de ventes privées mensuelles. Quand on lui parle d’autopromotion, ce n’est pas lui qui répond mais les membres de son équipe, arguant du fait qu’au contraire, Seif ne voulait pas se mettre en avant, pensant toujours aux autres créateurs, mais que ce sont eux qui ont insisté pour qu’il figure dans ce numéro zéro, afin de montrer aussi que ces jeunes là savent de quoi ils parlent. Pour les numéros à venir, la rédaction sélectionnera les créateurs les plus innovants, les plus fous etc. Seif met un point d’honneur à nous faire connaître aussi des jeunes créateurs chinois avec qui il a étudié à Esmod Pékin.
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La présence de journalistes anglophones et les réponses de Seif qui s’exprime dans un anglais parfait, complètement à l’aise, imprime d’ailleurs d’emblée le magazine dans un contexte international. Du reste, l’ambitieux fondateur, espère pouvoir d’ici deux ans exporter son magazine sous d’autres cieux, à commencer par ceux du grand Empire céleste, la Chine de ses origines métissées. Ouvert sur le monde, FFDesigner l’est déjà, jugez plutôt : Aneta, la photographe du magazine est ukrainienne, Seif a une maman taïwanaise, et l’équipe projette déjà de couvrir les fashions weeks à l’étranger avec dans un premier temps des déplacements vers des destinations moins attendues que Paris, Milan, New York ou Londres pour promouvoir, là encore, des jeunes talents de pays émergents en matière de mode comme les fashion days en Ukraine ou la fashion week à Pékin…
Si le magazine est en français, le titre et les intertitres sont une combinaison franco-anglaise, non par snobisme mais pour être en vraie adéquation avec la terminologie généralement utilisée dans le monde de la mode internationale. FFDesigner a pour volonté d’accompagner les tunisiens et les tunisiennes afin de les aider à s’habiller à la mode sans copier aveuglément, et souvent mal, l’Europe et plus largement l’occident.
Quand à la soirée offerte par le magazine, ce fut une explosion de couleurs, d’originalité et de gaieté… l’ambiance était pétillante d’énergie, raffinée en légèreté, comme la beauté sans doute, ou l’élégance…un grain de folie au cœur d’une organisation sans faille à l’instar du shooting mis en scène au cœur de l’espace. Bravo et longue vie à ce magazine, à cette jeune équipe bourrée de talents.
Florence Pescher