La violence est un phénomène de société transversal qui touche toutes les catégories sociales, souligne Neila Chaabane, secrétaire d’Etat chargée des Affaires de la femme et de la famille dans un entretient. Les études récentes montrent que 34% des enfants sont battus régulièrement et que la famille est le milieu le plus menaçant et le plus violent pour l’enfant. Un enfant violenté sera un adulte violent, pense-t-elle.
Une femme sur deux est victime de violence (47,6%) dont 36% sont victimes de violence physique. Le taux le plus élevé est enregistré dans la région du Sud-Ouest (78%, a-t-elle fait savoir, ajoutant que 45 femmes ont été tuées en 2013 par leur entourage. Ces chiffres sont alarmants, a-t-elle dit, appelant à prendre toutes les mesures nécessaires pour lutter contre ce phénomène d’autant plus que 55% des femmes maltraitées considèrent que la violence est un phénomène normal. Il faut prôner la dignité pour tous et pour toutes et dans tous les milieux, a-t-elle souligné.
“C’est dans ce cadre qu’intervient le projet de loi sur la violence à l’encontre des femmes, des petites filles et des personnes âgées élaboré par le secrétariat d’Etat des affaires de la femme et de la famille, étant donné que les statistiques démontrent que le nombre de femmes victimes de violence est nettement supérieur à celui des hommes”.
La loi doit jouer son rôle de défense des plus faibles et des plus démunis: les femmes, les enfants, les personnes âgées et les personnes porteuses de handicap, a indiqué Chaabane, ajoutant que ce projet de loi intégrale englobe des mesures de protection, de prévention et de prise en charge totale des victimes mais aussi des auteurs de violence qui acceptent de se remettre en cause.
“Pour l’inceste par exemple, on propose de porter à 30 ans le délai de prescription” explique Chaabane, qui indique que la loi peut jouer un rôle précurseur pour faire avancer la société tunisienne sur le chemin de la lutte contre la violence à l’égard des femmes, des enfants et des personnes âgées.
Le département de la femme et de la famille a opté, a-t-elle dit, pour une démarche participative, en associant les différents ministères et les associations. Elle a mis l’accent sur l’importance accordée à la sensibilisation dans la stratégie de lutte contre la violence, indiquant, à cet effet, que les efforts seront conjugués avec les médias et tous les intervenants comme le cadre médical et paramédical, les agents de sécurité et les magistrats outre les professionnels du secteur social (psychologue, assistantes sociales..), la société civile et enfin le grand public.