Le taux d’abandon scolaire a atteint 63% à Kasserine et 37% à Gafsa au cours de l’année 2015-2016, révèle une étude de terrain intitulée “L’abandon scolaire, les facteurs et les obstacles” réalisée dans ces deux zones cibles en collaboration avec la Délégation de l’Union européenne en Tunisie.
Les résultats de l’étude ont été présentés mercredi à Tunis au cours d’une conférence de presse organisée par la commission régionale de lutte contre l’abandon scolaire à Kasserine et Gafsa, qui a mené l’étude.
Selon Ahlem Nsiri, membre de la commission, le taux d’abandon scolaire des filles est moins élevé que chez les garçons. Ce constat est valable pour tous les cycles (primaire, collège et secondaire). A Gafsa, le taux est de 68% pour les garçons contre 32% pour les filles, alors qu’à Kasserine, il est de 56% pour les garçons contre 44% pour les filles.
L’étude a en outre montré que les filles vivant en milieu rural rencontrent des difficultés particulières, d’ordre familial et social, qui les poussent au décrochage scolaire. La famille prétend notamment “préserver l’honneur” de sa fille en l’empêchant de faire le trajet jusqu’à l’école et de côtoyer des garçons, ou évoquent encore des motifs de sécurité liés aux dangers de la route et de l’éloignement.
Le chef du projet “filles actives à Gafsa et Kasserine” mené par l’association “Citoyens de Gafsa” a pour sa part indiqué que les facteurs scolaires représentent 44% des motifs d’abandon scolaire chez la population cible. Il s’agit de facteurs liés à la pédagogie, aux programmes d’enseignements (programmes trop chargés, absence d’activités de motivation ou de loisirs) et au cadre éducatif (agressions, manque d’effectif, absentéisme).
Sont également en cause l’infrastructure délabrée de certains établissements, l’indisponibilité des moyens de transports et l’échec scolaire.
Aussi, 40% des familles expliquent-elles cette situation par la pauvreté et la précarité, alors que l’analphabétisme des parents en est responsable dans 49% des cas.
La commission régionale de lutte contre l’abandon scolaire à Kasserine et Gafsa relève de l’association “Citoyens de Gafsa” et regroupe des éducateurs, des représentants de la société civile et des cadres des directions régionales et locales concernées.