Des étudiants des écoles d’ingénieurs de Tunis, Sfax, Sousse et Monastir observent depuis, lundi, une grève ouverte pour revendiquer l’annulation de l’accord conclu entre le ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche scientifique et des technologies de l’information et de la communication et le ministère de la formation professionnelle et de l’emploi concernant l’ouverture de passerelles entre les centres de formation professionnelle et les écoles d’ingénieurs.

Les manifestants ont organisé mardi une marche qui est partie de la place Bab Alioua à Tunis en direction du ministère de l’enseignement supérieur pour exprimer leur refus de cette décision.

Mohamed Nadhir Salem, étudiant à l’Institut national des sciences appliquées et de technologie (INSAT) et porte-parole des étudiants en grève, a indiqué que les étudiants des écoles d’ingénieurs sont entrés, lundi, en grève ouverte et ont boycotté les examens du premier trimestre programmés au cours de cette semaine pour revendiquer l’annulation de l’accord concernant l’ouverture de passerelles entre les centres de formation professionnelle et les universités.

Dans une déclaration à l’agence TAP, il a ajouté que les étudiants des écoles d’ingénieurs revendiquent également la création d’une instance supérieure des études d’ingénierie qui réunira des représentants du ministère de tutelle et de celui de l’industrie et toutes les parties concernées (ordre des ingénieurs, syndicats d’étudiants et UTICA) et qui assurera la supervision des normes d’attribution des diplômes d’ingénieurs ainsi que le contrôle de la qualité de la formation en ingénierie dans chacun les secteurs privé et public.

Les étudiants des écoles d’ingénieurs revendiquent, également, la révision du cahier des charges relatif à la création d’écoles privées d’ingénieurs, la concordance entre le nombre des nouveaux bacheliers orientés vers les écoles préparatoires et celui des places disponibles au concours national d’ingénieurs. Ils revendiquent, aussi, la création d’un centre public de formation certifiée des étudiants dans différents domaines, le renforcement des équipements et budgets des écoles d’ingénieurs avec un pourcentage fixe pour les clubs et la recherche scientifique ainsi que la création de mécanismes permettant plus de flexibilité concernant les partenariats entre les écoles d’ingénieurs et leur environnement industriel afin d’offrir plus d’opportunités aux étudiants tels que les stages et les projets de fin d’études.

Ils réclament, aussi, l’actualisation périodique des programmes de formation dans les écoles d’ingénieurs et les classes préparatoires aux écoles d’ingénieurs, pour être plus compatibles avec les demandes du marché du travail, la garantie d’un revenu minimum décent pour l’ingénieur dans les secteurs public et privé et d’une indemnité de stage supérieure au SMIG durant la période de préparation du projet de fin d’études.

Mohamed Nadhir Salem a estimé que l’ouverture des écoles d’ingénieurs aux diplômés de la formation professionnelle et la possibilité de leur attribuer un diplôme d’ingénieur est une chose inadmissible qui vise selon lui, à marginaliser le secteur de l’ingénierie.

De son côté, le ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche scientifique et des technologies de l’information et de la communication a indiqué dans un communiqué publié, mardi, que les passerelles entre l’enseignement supérieur et la formation professionnelle traduisent une orientation consacrée à l’échelle internationale, notamment par « le Processus de Bologne », à la base du système LMD, et visent à assurer une transférabilité des acquis et une mobilité des apprenants entre les deux cursus, afin de garantir une meilleure employabilité et une meilleure réponse aux besoins du monde socio-économique.

Le communiqué précise que le décret n° 2013-1469 du 26 Avril 2013 « autorise les titulaires d’un diplôme couronnant un cycle de formation de deux ans après le baccalauréat à s’inscrire en 3ème année de licence, sur la base d’un concours sur dossier avec valorisation des unités d’enseignement validées », la valorisation étant assurée par des commissions pédagogiques spécialisées.

Le ministère signale que la convention signée le 25 décembre 2014 entre le ministère de la formation professionnelle et de l’emploi et le ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche scientifique et des technologies de l’information et de la communication clarifie entre autres les passerelles entre le cursus professionnel et le cursus universitaire.

Par ailleurs, le ministère précise que ces passerelles ne concernent pas directement l’accès aux écoles d’ingénieurs qui se fait par le biais d’un concours national pour 90% des candidats des instituts préparatoires, un quota de 10% étant réservé aux licenciés, sélectionnés par concours sur dossier.

Concernant l’enseignement dans les écoles d’ingénieurs privées, le ministère rappelle qu’il y a un large consensus sur la nécessité d’aligner l’enseignement supérieur privé sur les standards internationaux, en complémentarité avec l’enseignement public.

A ce titre, l’enseignement privé est l’un des points inscrits dans la réforme de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique ayant pour objectif l’amélioration de la qualité de l’enseignement dans sa globalité, grâce à un processus consultatif et participatif impliquant les différentes parties prenantes.


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