Cuisiner, c’est convoquer nos cinq sens. La cuisine parle de nous, de nos origines, de nos racines. Bien sûr, il y a les lieux communs… les Italiens et la pasta, les Chinois et le riz, les Maghrébins et le couscous, les Français et le fromage… Mais derrière ces clichés, se cachent des réalités culturelles, familiales, et religieuses.
Dis-moi ce que tu as mangé, je te dirai qui tu es!
Le poulet du dimanche midi, la chorba du ramadan, le pudding de Thanksgiving, la cuisine au beurre, la cuisine à l’huile… tout nous inscrit dans un clan, et révèle ainsi notre appartenance à une filiation. Manger c’est accepter, au moins dans l’enfance, la transmission d’un patrimoine, de codes alimentaires, de messages implicites.
Dis-moi ce que tu cuisines, je te dirai ce que tu caches !
Il n’y a pas seulement le contenu, il y a aussi la façon de manger qui raconte des choses sur notre personnalité. Ainsi, celui ou celle qui mange du bout des lèvres en décortiquant tout, en ayant à l’esprit l’obsession des calories et des ingrédients présupposés nuisibles à la santé, aura peu de chances de se révéler un formidable amant, libéré sur les choses du sexe. Il y a une analogie très forte entre alimentation et sexualité, entre plaisirs de la table et érotisme. Autrement dit, dis-moi comment tu manges et je te dirai comment tu aimes.
Un besoin de se rassurer ? On ajoute un peu de cannelle. Envie de séduire et de surprendre? On ose le gingembre.… Apprenez à décoder vos envies grâce à Olivier Soulier, médecin homéopathe et acupuncteur français qui s’est basé sur sa propre pratique, mais aussi sur la symbolique des aliments, leur histoire et leur mythologie depuis l’Antiquité pour établir ce “dictionnaire” des aliments.
c’est la douceur et la dépendance affective. On cherche à retrouver le sucre initial in utéro. «Au début de notre vie, explique Olivier Soulier, l’œuf fécondé tombe dans la paroi de l’utérus, gorgée de sucre. Toute notre vie, on va chercher ce sucre initial. D’abord dans le lait maternel, puis peu à peu avec nos propres ressources. C’est le symbole du passage de la dépendance à l’autonomie. Les gens sucrés sont souvent dans une forme de dépendance et recherchent une forme de douceur.»
Le sel, lui, symbolise la civilisation, la compréhension du monde, l’ouverture, le détachement.
Vous avez une soudaine envie de viande? Il se peut que vous ayez besoin de retrouver des forces pour gérer votre agressivité ou pour retrouver vos racines. Vous adorez la viande crue (carpaccio)? Vous êtes très proche de vos émotions de base ou vous avez envie de vous en rapprocher. Qu’on ne s’avise pas de vous dire: «Tu devrais faire ci, tu devrais faire ça.» Vous détestez la viande? Peut-être craignez-vous votre propre agressivité ou ne savez-vous pas comment la transformer en quelque chose de constructif.
Le lait est le symbole maternel par excellence. Il renvoie à la relation avec la mère. Si vous aimez le lait chaud, vous avez envie de retrouver le bien-être que vous aviez avec elle. Idem si vous aimez le lait froid (ou les yaourts), à ceci près que vous rêvez d’amour maternel, mais pas tel que votre mère vous l’a apporté en réalité. Vous avez une intolérance au lait? Votre sevrage a été douloureux, à moins que vous n’ayez une relation de souffrance avec votre mère.
Le poisson vous parle de votre inconscient, il révèle notre envie d’exploration intérieure.
Des envies de jambon cru ou de mangue? vous ne supportez plus le mensonge.
Le citron, acide, aide à gérer sa colère mais aussi à mettre ses limites. Les enfants en pleine phase du «non» ont souvent des envies d’acide. Tout comme les adultes en colère.
L’alcool: «In vino veritas», dit-on. L’alcool symbolise la recherche de vérité, de sens. La moindre goutte d’alcool vous rend malade? Peut-être craignez-vous cette vérité. L’alcool vous fait dormir? Peut-être n’avez-vous pas envie d’être là. Vous êtes vite saoule? Peut-être que vous êtes trop tendue et que vous avez besoin de vous lâcher.
Mais aussi…
Les légumes verts, un peu amers, ils symbolisent les frustrations face aux rêves qui ne se sont pas réalisés, et nous aident à les digérer. Les enfants ne les aiment pas beaucoup, car ils n’ont pas encore d’amertume par rapport à leurs rêves.
Les huîtres passent leur vie à filtrer l’eau pour se protéger du sable, alors que c’est du sable que naissent leurs perles. Pareillement, c’est de la souffrance qu’on cherche à éviter que naît le bonheur. Les huîtres nous interrogent sur cette notion de souffrance et ce qu’elle signifie pour nous.
Les tomates: Si vous les aimez, vous avez probablement une imagination débordante et les idées se bousculent dans votre tête.
La sole: Avec sa double face (une face blanche cachée dans le sable et une face visible en
Les frites: En combinant les pommes de terre, liées à la terre, au quotidien, et l’effet protecteur de l’huile, elles sont le remède idéal lorsqu’on estime qu’on n’a pas une vie facile et qu’on a besoin de se sentir protégé. Ce n’est pas pour rien que tout le monde – ou presque – les apprécie.
Charlotte Carli