Que l’on veuille ou non, le divorce a pour effet de diminuer les sentiments de sécurité et de protection que procurait la famille avec deux parents ! Ce qu’il ne faut absolument pas faire, c’est de minimiser les sentiments et les réactions de ces enfants ; mais reconnaître leurs besoins accrus d’affection. En effet, ces enfants bouleversés par la séparation réagissent de différentes façons : agressivité, régression, tristesse, culpabilité, indifférence apparente, peur de l’abandon, conflit de loyauté…
La régression : La rupture des parents exige de l’enfant une adaptation brusque et une redéfinition complète de son monde. Cela provoque un ralentissement de son développement et une période de régression. Chez les enfants de 3 à 5 ans, il y a une négation de la séparation en adoptant des comportements du stade antérieur : ils vont recommencer à faire pipi au lit, cauchemars nocturnes, refus de se nourrir…
L’agressivité : L’enfant souffre et cherche à trouver un coupable. Cette colère est interprétée comme l’extériorisation d’un sentiment de rejet et d’impuissance. Quand ils subissent la décision de leurs parents, ils se sentent comme mis à l’écart. Le choc de l’annonce de la rupture est brutal et engendre une colère brutale mais qui serait constructive car il évacue son sentiment d’avoir été trahi.
La tristesse : La souffrance n’est pas souvent verbalisée par les enfants. Ils la vivent souvent seuls car ils ne savent pas la dire avec des mots. La séparation des parents perturbe l’image qu’ils ont d’eux-mêmes et de la relation à l’autre ; et cela se fait dans la déprime malheureusement.
La peur de l’abandon : Généralement, l’enfant est confié à la mère et croit de ce fait avoir perdu son père car il ne le voit pas aussi souvent qu’auparavant. Il se sent abandonné par lui ; et par conséquent il va développer l’angoisse de perdre aussi l’amour de sa mère. Ce sont des enfants qui ont un besoin constants d’être rassurés et d’entendre qu’ils sont aimés.
Tentative de réconciliation : Les enfants ont un désir très fort de voir leurs parents un jour réconciliés ; même après dix ans de séparation. Ils inventent plusieurs stratégies pour les rapprocher l’un de l’autre. Ils y croient et espèrent.
L’indifférence apparente : Une attitude apparente de « je-m’en-foutisme » caractérise surtout les ados face à la séparation de leurs parents. Ils ont tendance à se replier davantage ; c’est un mécanisme d’auto-défense contre la douleur de voir la dissolution de la famille.
Le conflit de loyauté : Parfois, l’enfant peut être porté à soutenir le parent qu’il estime le plus victime. Il est alors habité par le sentiment qu’il va toujours le trahir en acceptant l’autre. Alors il va rejeter le conjoint qu’il croit fautif.
Témoignage de Nermine : «Mes parents ont divorcé lorsque j’avais 8 ans. Tout ce que je retiens de leur vie commune, c’est que papa était toujours absent de la maison et quand il y revenait, je détestais l’ambiance qu’il installait, ses hurlements et les coups qu’il donnait à ma mère. Après le divorce, c’était pour moi une sorte de délivrance. J’ai poussé un grand ouf de soulagement… et Dieu merci, ma mère ne m’a jamais laissée manquer de quoi que ce soit ! Mon beau-père est très affectueux et je suis chanceuse d’avoir pu compter sur lui. Toutefois, la place de mon vrai père, toujours absent, me fait mal… On ne sort jamais indemne de la séparation de ses parents. Il y a toujours des séquelles, même si le présent se montre meilleur que le passé… »
Sonia Ben Jaballah