Routine, priorités familiales érodent souvent le capital érotique du couple aussi sûrement qu’un fromage que grignoterait en douce une petite souris.
Ève, écrasée par le poids du quotidien, se sent carrément assommée de retour à la maison. Les compartiments libidineux de son cerveau s’étant progressivement atrophiés avec le temps, il lui semble plus facile d’apprendre le chinois que de se remettre à l’aquagym sensuelle dans la baignoire avec son chéri. Faire l’amour dans les mêmes conditions au même rythme peut provoquer chez la femme l’ennui ou au meilleur des cas, une diminution de plaisir qui se transforme peu à peu en baisse de désir.
Travailler, s’occuper des enfants et des tâches ménagères, gérer le quotidien familial fatigue Ève qui n’a alors plus la force ni le temps d’avoir une sexualité active. Le pire, c’est surtout après un accouchement. La mère est très sollicitée autant physiquement qu’émotionnellement par le nourrisson, occultant parfois totalement le père. Faire l’amour devient alors un acte mécanique, quelques allers-retours une fois par semaine et puis s’en va… chacun, roupiller de son côté, sous la chaleur exclusive des couvertures.
L’état est bien tristounet et les boucs émissaires usuels, trop vite épinglés : pas le temps, pas d’énergie, pas le loisir de s’adonner aux crapuleuses tablettes du kamasutra. Roméo et Juliette des temps modernes deviennent ce vieux couple qui ne se séduit plus et qui a oublié jusqu’au sens du mot « fantasme ».
Pourtant, les solutions existent. Ce que les sexologues conseillent, c’est de se toucher plus souvent, même si cela n’a aucun caractère sexuel, se prendre la main, faire une caresse sur un bras ou une épaule en passant, dormir serrés l’un contre l’autre…Le corps a une mémoire et peu à peu les souvenirs d’une sexualité épanouissante remontent à la surface et des liens se recréent. Il ne faut pas se mettre la pression et avancer tout doucement. Quand on s’aime, on arrive toujours à se reconnecter…
C.B.