La pluie martelait la toiture de la maison, un bruit aigre et fort remplissait la chambre, avec le souffle du vent qui passait à travers les volets de la fenêtre, on aurait pu dire des fantômes qui se battaient. Le courant électrique était coupé, seule la lumière faible d’une bougie éclairait à peine la pièce, on avait du mal à distinguer certains meubles et objets. Il faisait froid, pas de quoi se réchauffer, à part une couverture légère qu’elle avait monopolisée sur son dos et autour de son corps recroquevillé en position assise.
On pouvait à peine distinguer son visage, et sa main qui tenait le livre qu’elle lisait. Malgré la faible lumière, j’arrivais à voir l’intensité de son regard amplifié par les lunettes qu’elle portait, qui essayait de distinguer les mots et les lignes qu’elle épelait en silence sur le bout de ses lèvres…
Je prenais la même position qu’elle, en essayant de faire le moins de bruit possible évitant ainsi de la déconcentrer, dans l’espoir de trouver un peu de chaleur. Je laissai à mes yeux libre champ pour contempler le paysage qui s’offrait à eux. La flamme de la chandelle de cire bougeait de temps en temps, faisant un relief de magie dans ses yeux qui paraissaient s’illuminer en une fraction de seconde. À chaque mouvement de sa bouche, ses lèvres exquises brillaient, comme du miel exposé au rayon de soleil. Elle était si charmante et belle, comme si la lune avait quitté le ciel et s’était venue s’installer devant moi. Je la dévorais passionnément du regard tellement elle était magique comme les étoiles qui brillaient de milles feu…
Je ne pouvais m’abstenir et de rester dans mon coin… Mon souffle s’accéléra, je sentis subitement une chaleur montée en moi, mon cœur élança sa cadence. Le diable s’empara de mon âme, et tel un loup-garou, je sautai sur elle… J’écartais d’un geste brusque le livre de sa main, elle me regardait d’un air surpris et mécontent au début, puis me sourit subtilement et tendrement. Je frôlais du bout des doigts sa nuque en remontant vers ses joues, en caressant sa peau douce à la texture de soie, j’enlevai ses lunettes, nos regards se fixaient mutuellement, comme si nos yeux se parlaient et se disaient tant. Je collai mon front sur le sien en fermant les yeux, je sentis son souffle chaud et doux qui parcourait mon bout du nez, son rythme me paraissait de plus en plus irrégulier comme si elle essayait de se contrôler.
D’un geste de la main, je défais ses cheveux qu’elle tenait par un bandeau, sa belle chevelure tomba sur ses épaules. Je reculais un peu ma tête, j’étais conquis par sa beauté ensorcelante, elle était comme un ange déchu du paradis. Sa féminité était hallucinante et abondante. Un mignon et petit sourire se dessina sur son visage. Même les plus durs et insensibles des cœurs ne pouvaient rester indifférents et ne pas craquer devant ce tant de charme qui déferle de cette beauté divine…
La pluie cessa, un calme intense régna dans la pièce… Le courant électrique revenu, et comme si le soleil se leva le matin derrière les nuages, elle rayonnait de mille feux. Dans toute sa splendeur, je me sentais comme ébloui par cette beauté divine qu’elle avait en elle. Des franges tombaient en cascade sur ses yeux marron qui me lançaient des regards flingueurs de désirs. J’écartais avec la main ses cheveux, tout en sentant cette ferveur brulante qui déborde de son regard. Je tenais entre mes mains sa tête, en caressant avec les pouces ses joues rosâtres et douces. D’un geste au ralenti, je la ramenais vers moi doucement, nos regards se fixaient mutuellement.
Lorsque nos souffles se ressentirent, je l’arrêtais tout proche de mon visage. On se contemplait, comme si on se découvrait la première fois. Un flux de sang plein de sentiment traversa mon corps, mon cœur pris d’euphorie sous l’emprise de l’ardeur du moment présent. Tout l’amour que j’avais pour elle jaillissait à l’intérieur de moi comme un volcan en éruption. Je voulais crier, je voulais hurler, je voulais lui faire comprendre tout simplement ce que je ressentais pour elle. Soudain, comme un tremblement de terre je ressentais, comme si la foudre venait à me frapper ; ses lèvres faites de chair et de miel se sont posées sur les miennes, je sentais leurs pressions faites de passion.
Ma nuque était prisonnière de ses mains qui essayaient de s’accrocher de toutes leurs forces à moi. Je ne pouvais me retenir à mon tour et je la prenais en la serrant délicatement avec toutes mes forces. Nous ne faisions qu’un, la passion charnelle de l’amour se consumait en nous, chaque soupir qu’elle dégageait était pour moi un élixir d’extase dont elle seule connaissait le secret. Une ivresse divine me prenait, une folie douce s’empara de ma raison, mon âme inondée d’émotions, nos frémissements se rythmaient diaboliquement, comme un ouragan en pleine rage… C’est ainsi que l’amour célèbre triomphalement, le charme d’une nuit pleine de passion.
Ahmed Oualha