Suite à la publication de l’article concernant l’épisiotomie la semaine dernière, une de nos lectrices nous a envoyé son témoignage. Nous avons décidé de le publier.
Les mamans qui sont passées par là vont se reconnaître sur ce site; notre devise et ligne éditoriale est que : la parole est libératrice, autant pour celui qui écrit, que pour celui qui lit, car celui-ci se reconnaissant dans l’expérience racontée, sentira aussi l’effet libérateur.
Futures mamans à sensibilité élevée, s’abstenir…même si cela peut, et devrait inciter à être plus vigilant, à se décider à parler aux professionnels de la santé, à son gynécologue notamment, à participer aux décisions concernant son propre accouchement . Cela se fait dans beaucoup de pays…il en va du respect du corps humain, pourquoi pas chez nous?
Le jour J approchant, je commençais à paniquer, je lisais beaucoup d’articles sur l’accouchement, les techniques de respirations et tout le reste , et voilà que je croise un article sur l’épisiotomie, avec photos à l’appui ( âmes sensibles s’abstenir !!! pour de bonnes raisons).
J’en ai parlé à ma mère , qui m’a confirmé qu’elle aussi l’avait vécu. Ma grand-mère, par contre, était très étonnée, les femmes de sa génération accouchaient sans subir cette intervention. Apparemment, le vagin de l’ancienne génération était assez élastique pour faire passer le bébé.
Ma gynécologue, quant à elle m’a affirmé que toutes celles qui faisaient l’impasse sur l’épisiotomie étaient victimes de déchirures et que l’intervention était un moyen de prévention. Je trouve cela plutôt ironique: pour éviter une déchirure éventuelle, on coupe!!!
Enfin, bébé s’est décidé à venir au monde, et j’ai opté pour un accouchement naturel, pas de péridurale pour moi, merci !! Après de longues heures de travail, bébé avait pointé le bout de son nez et je commençais à me détendre pensant que c’était fini. Grossière erreur, une douleur vive et inattendue m’a déchiré le ventre, ma gynécologue venait de me couper à vif !! Elle a dû oublier que je n’étais pas anesthésiée !!! Les minutes durant lesquelles elle faisait les points de suture ont été tellement atroces que si j’avais su, j’aurais demandé une anesthésie générale !
De retour dans ma chambre, je n’ai pas pu fermer l’œil à cause de cette douleur lancinante dans le bas du ventre, je ne vous parle même pas du fait d’aller aux toilettes, un véritable cauchemar !
Une fois chez moi, les soins intimes ont été une vraie torture ! Je me rappelle avoir pleuré en découvrant la plaie. J’essayais de me convaincre que c’était le prix à payer pour avoir un enfant et que c’était mieux que d’avoir eu une césarienne.
S’assoir ou marcher demandaient un effort surhumain, les premières semaines se sont passées dans un brouillard de douleur.
Même après la cicatrisation totale, je continuais à éviter toute relation intime avec mon mari. je redoutais la douleur mais aussi et surtout, son regard, c’était très dur de voir le symbole de ma féminité ainsi défiguré. Je me sentais mutilée, avec cette vilaine cicatrice qui serait là à vie. Le baby blues aidant, ce n’était vraiment pas une période heureuse.
Au bout de quelques mois, je me rends chez le gynécologue qui m’assure que tout est en ordre chez moi y compris cette zone intime, et que je peux reprendre ma vie sexuelle sans problème. Cependant, une sensation désagréable a subsisté très longtemps puis a fini par s’estomper. Il m’a fallu encore plusieurs mois pour retrouver une vie sexuelle épanouie et arriver à oublier la présence de la cicatrice.
Pour moi le pire souvenir de l’accouchement, ce sera cette maudite épisiotomie. Tellement de choses auraient pu être si différentes, agréables et plus faciles à vivre!
la personne ayant écrit ce témoignage souhaite garder l’anonymat.