Comment ça se fume? Ce sont les Perses qui, avec la découverte du tabac, ont été les premiers à l’utiliser. C’est une pipe à eau qui permet de fumer El Mâssel, une préparation à base de tabac nature ou aromatisé aux fruits. Il existe à tous les goûts : à la pomme, à la cerise, à la menthe… On en remplit le fourneau de la chicha, que l’on recouvre d’une feuille d’aluminium percée de trous, puis on dispose par-dessus un bout de charbon de bois incandescent. Le charbon permet de dissoudre el Mâssel qui s’évapore dans l’air, ainsi sa fumée est aspirée par un tuyau flexible et traverse un vase rempli d’eau. L’eau refroidit la fumée et la rend très douce.
Attention danger ! En effet, la nicotine, contenue dans el Mâssel, comme dans la cigarette, entraîne un risque accru de dépendance. De plus, on a longtemps prétendu qu’el Chicha était moins nocive que la cigarette, mais c’est largement contesté aujourd’hui par de récentes études scientifiques :
-Chaque bouffée de chicha a un volume 10 fois supérieur à une bouffée de cigarette. Le passage de la fumée dans l’eau n’élimine absolument pas les produits toxiques. Si vous avez un doute, placez un papier absorbant entre l’embout et votre bouche, et à la fin regardez sa coloration !
-Une inhalation plus longue et plus profonde car le fumeur tire beaucoup plus sur l’embout que sur la cigarette pour avoir l’effet désiré, avec en prime plus de métaux lourds et de monoxyde de carbone que dans une simple cigarette à cause de la combustion du tabac et des braises.
-Dans un mélange normal de Mâssel, 10 gr correspondent à 10 cigarettes. Donc, une session de chicha est d’au moins 40 cigarettes. Dès qu’on allume El chicha, une vraie usine chimique très complexe va produire plus de 4 000 produits dans la fumée qui est un aérosol de gaz et de particules.
–L’importante quantité de fumée inhalée de monoxyde de carbone (CO) implique une augmentation du nombre de particules en suspension à l’intérieur de vos poumons et plus de risque de maladies respiratoires, pulmonaires (broncho-pneumopathie chronique obstructive), cardiovasculaires, mais également des cancers, particulièrement celui des poumons. El Chicha produit autant de monoxyde de carbone car le mode de combustion des charbons (+/- 400º) utilise une température plus basse que pour la cigarette (+/- 800º) et c’est précisément cette combustion douce et moins complète qui génère plus de CO et de goudrons dans nos poumons. Ce dernier est l’un des gaz les plus toxiques car il se fixe sur l’hémoglobine du globule rouge à la place de l’oxygène. Le sang amène moins d’oxygène aux organes. Le système cardio-vasculaire essaie de s’adapter en augmentant la fréquence respiratoire et cardiaque et la tension artérielle. De nouveaux globules rouges sont fabriqués, le sang devient plus dense. Le risque d’accident aigu augmente (infarctus, accident vasculaire cérébral).
-Il existe un risque infectieux à se transmettre l’embout entre partenaires de chicha, comme la tuberculose, l’herpès buccal et certaines hépatites virales. Ce danger a été étudié par des chercheurs français qui ont examiné 41 tubes de chicha ramassés par hasard dans plusieurs cafés. Après les avoir étudiés, 74 germes bactériens différents ont été isolés.
-Et mesdemoiselles ! Sachez que le tabac est responsable de : déficit en oestrogènes, retard de la fécondité -Cancer du col de l’utérus, cancer du sein, ménopause avancée, fausses couches spontanées…
Vous les fans de la chicha ! Vous seriez cent millions dans le monde d’après les estimations de l’OMS (Organisation mondiale de la santé). Vous l’appelez différemment selon votre origine : Chicha, Narguilé, Hookah, Hooka… A tous ceux pour qui cet objet est fétiche, je pose la question: une fois que vous aurez pris conscience de tous ses dangers, pourriez-vous confirmer si vous la fumeriez désormais avec autant de plaisir qu’avant ?
Sonia Matoussi