Le ministre de la Santé, Salah Ben Ammar a mis en garde contre « une catastrophe sanitaire dans 30 ans, si les Tunisiens ne changent pas leur comportement alimentaire ».
S’adressant aux journalistes, lors d’un déjeuner-débat organisé, vendredi, dans le cadre du programme « Réduction de la consommation du sel, sucre et graisse », Ben Ammar a présenté des chiffres, qu’il a qualifiés « d’alarmants ».
En effet, 2 tunisiens sur 3 habitent, désormais, dans les villes (urbanisation) et seulement 3% d’entre eux font régulièrement du sport (pour les femmes, le chiffre baisse à 1%). Ceci a entraîné un surpoids détecté chez un homme sur deux et trois femmes sur quatre.
Toujours d’après le ministre de la Santé, 15% des Tunisiens sont diabétiques, alors que 3% des plus de 35 ans souffrent d’hypertension, dont souffrent également 5% des adolescents entre 15 et 19 ans. 30% des Tunisiens âgés de plus de 35 ans souffrent aussi de triglycérides.
Le ministre a mis l’accent sur le danger que représentent ces chiffres sur le moyen et long terme, surtout qu’un homme sur deux et 10% de femmes sont des fumeurs.
En réaction à ce danger, le département de la Santé a entamé une nouvelle stratégie en collaboration avec la chambre des fabricants de pain de Bizerte pour réduire le taux de sel dans le pain.
Dans ce cadre, Ben Ammar a affirmé que la consommation moyenne de sel chez le Tunisien est de 10g/jour, alors que le besoin quotidien du corps humain en sel ne dépasse pas les 2g/jour.
« Notre objectif est de réduire cette consommation à 5g/jour dans un premier temps », a-t-il fait savoir.
Le ministre a également évoqué un taux de sucre dépassant la moyenne mondiale dans le yaourt et les boissons gazeuses locaux.
« Tous les protagonistes (ministère du Commerce, Organisation mondiale de santé, Institut national de nutrition) sont appelés à contribuer au changement du comportement nutritionnel des Tunisiens pour éviter une catastrophe sanitaire », a réaffirmé le ministre de la Santé.
Par ailleurs, Ben Ammar a précisé que le budget de prévention du ministère ne dépasse pas les 0,5% du budget total du département (30% dans les pays développés) pour un impact indirect de 5%.
« Ce budget pour le moins insuffisant génère des dépenses supplémentaires et astronomiques au niveau des soins », a- t-il commenté.
De son côté, Jalila El Ati, représentante de l’Institut national de nutrition, a mis l’accent sur « la relation étroite entre les maladies chroniques et la nutrition déséquilibrée ».
« Par excès de sucre, 70% des Tunisiens souffrent de caries dentaires »
La responsable a expliqué que l’excès du sucre engendre les caries dentaires (70% des Tunisiens en souffrent), l’obésité, le diabète et les carences en vitamines et sels minéraux, appelant à réduire la consommation du sucre par palier, suivant les normes mondiales.
Elle a également appelé à « interdire l’importation des acides gras trans-technologiques (généralement trouvés dans les pâtisseries) » et mis en garde contre leur effet très néfaste sur la santé. Mohamed Salah Ben Ammar a proposé d’attribuer un label de qualité pour les fabricants d’agroalimentaires qui accompagneront le ministère dans sa stratégie pour la réduction de la consommation du sel, du sucre et de graisse, appelés souvent « poisons blancs » pour leurs effets néfastes sur la santé humaine, quand ils sont consommés en excès.