A l’occasion du troisième congrès national des étudiants en médecine dentaire 2015, un événement annuel organisé par la «Tunisian Association Of Dental Students» à l’hôtel Chichkan- Hmmamet sud du 13 au 15 février 2015, nous avons découvert une nouvelle technique «médicale» pour contrôler la douleur sans recourir à l’anesthésie.
C’est quoi l’hypnose?
«Les idées qui viennent en tête quand on évoque l’hypnose sont bien souvent teintées d’étrange. On imagine le pouvoir d’un individu sur un autre, l’obligeant à obéir à des ordres … On représente un patients s’endormant en suivant un pendule, on pense fluide magnétique, magie… Bref, toute une série de choses qui n’ont qu’un rapport très lointain avec l’hypnose médicale telle qu’elle est pratiquée aujourd’hui».
Imaginez les effets positifs de l’hypnose médicale sur la vie des patients: plus de risque liés à l’anesthésie sur le corps comme le coma pour les personnes âgées, ou d’autres effets secondaires comme: nausées, vomissements, maux de gorge, lésions dentaires, fièvre, frissons, troubles de la mémoire ou du comportement, faiblesse musculaire, ecchymose…
Ce renouveau pour l’hypnose est dû au génie de Milton Erickson (1902-1980), psychiatre américain considéré comme le père de l’hypnose moderne et qui a mis au point une nouvelle technique thérapeutique.
Selon le Dr Zoghlami, «l’hypnose est un état modifié de conscience naturel, état que nous traversons tous au cours de la journée sans nous en rendre compte (lorsque nous sommes absorbés par un film au point d’oublier ce qui nous entoure… Pour les enfants, cet état est encore plus habituel car il n’y a que peu de barrières entre le réel et leur imaginaire. Une personne hypnotisée n’est pas endormie et elle ne perd pas conscience non plus».
On parle d’état modifié de la conscience, il se différencie toutefois des autres états de la conscience (sommeil, évanouissement, ivresse, narcose…) dans lesquels l’attention cérébrale et les capacités de réaction sont limitées (déf Stern R.). Au final, l’hypnose suppose un patient conscient consentant et communiquant».
La séquence nous livre les premières réactions de l’équipe chirurgicale post-opération. Les médecins affirment qu’ils sont satisfaits du résultat: «nous avions l’impression que le patient était sous anesthésie générale et non sous hypnose. Il ne s’est pas réveillé au cours de l’opération et il ne nous a pas gêné».
De son côté, le patient affirme: «je dormais mais j’entendais tout… je ne sentais que des doigts me toucher mais je ne ressentais aucune douleur».
A ce niveau, le Dr Zoghlami nous explique que le patient était conscient de tout ce qui se passait autour de lui, mais il ne ressentait rien car avec l’hypnose, tout ce passe au cerveau. Cet organe recevait toutes les informations (sensation, peur, douleur,…) mais les traitait différemment. Le cerveau trie les données, celle qui passe et celle qui bloque comme celle relative à la douleur.
«Ainsi, l’hypnose est un moyen de communication qui utilise les capacités naturelles de l’individu à entrer en transe. Il s’agit d’un état d’une intense activité mentale extrêmement dynamique et évolutive. Le sujet focalise son attention sur une expérience personnelle interne généralement utile et agréable. Elle permet une réinterprétation des sensations douloureuses et la mobilisation de ses ressources individuelles».
Pour la même intervention avec anesthésie, la patient aurait eu besoin d’attendre 2 à 4 heures après son réveil post-opération pour manger contre seulement 30 minutes s’il était hypnotisé. Dans la première hypothèse, il n’aurait quitté l’hôpital qu’après 3 ou 4 jours. Dans la seconde (intervention sous hypnose), le délai de sortie est d’une heure!
Dr Zoghlami explique qu’il y a deux niveaux d’hypnose: «En état léger d’hypnose et en état profond d’hypnose qui est à la limite du sommeil. Cependant, le patient/l’hypnotisé maintient sa capacité de raisonner et son contact avec la réalité. On ne peut donc pas pousser une personne hypnotisée à commettre des actions contraires à ses convictions morales».
Cela renforce l’idée que les stratégies psychologiques peuvent moduler le réseau de la douleur au même titre que le font les techniques pharmacologiques classiques.
Conclusion :
En médecine, l’état hypnotique a le nom d'”état de conscience modifié”. Ce terme met de côté un présupposé erroné à propos de l’hypnose.
La crainte de perdre conscience ou le contrôle n’a aucun sens, l’état hypnotique n’a absolument rien d’un état d’inconscience. On reste conscient mais on est conscient différemment. C’est-à-dire nos perceptions sensorielles sont modifiées mais on reste conscient de nos sensations.
En état hypnotique, le cerveau se contrôle lui-même d’une façon nettement plus performante que n’a aucun autre moment.
Il est maintenant admis que l’hypnose est un état conscience modifié qui, associé à une sédation intraveineuse consciente et une anesthésie locale de qualité, permet la réalisation de certains actes interventionnels, notamment chirurgicaux.
Dr Zoghlami affirme qu’en France plus de 40% des dentistes maîtrisent cette technique pour soulager leurs patients et éviter ainsi l’anesthésie locale. En Tunisie, nous découvrons cette technique et les professionnels peuvent la maîtriser après une formation uniquement à l’École de Formation Professionnelle en Hypnose du Québec-Tunisie.