Elle est jeune, belle, talentueuse et voilée. Elle, c’est Raoudah Belhaj, entrepreneure dans la mode. Sa participation au Festival de la Mode, en 2013, lui a valu une décoration: le titre de lauréat et une participation à la Fashion Week à Milan en Italie.
Sa vocation, pour la mode, ne s’est dévoilée qu’après son premier diplôme universitaire en publicité marketing et son premier emploi dans le commerce international. Son amour pour cet univers égocentrique s’est affirmé !
La mousseline, le satin, le crêpe, twill, la dentelle, la soie furent son armure. Une guerrière et révolutionnaire en créativité. Sa guerre relève de la raffinerie et de la beauté; son champ de bataille c’est la lingerie.
Raoudah est une créatrice et confectionneuse de lingerie féminine.
Elle nous raconte son parcours en répondant à nos questions: «Je me suis inscrite à ESMODE, en même temps sur deux filiales. La première relève du prêt-à-porter, la seconde de la lingerie. Avec cette double inscription, j’ai voulu avoir l’occasion de découvrir tous les dessous de la mode. Je voulais tout connaître et faire correctement les choses. Je souhaitais apprendre les bases du métier avec les professionnels. Et c’est ce que j’ai fait. Ma première année à ESMODE fut un moment très important. C’est grâce à elle que j’ai pu découvrir ma vraie vocation. Je n’étais pas faite pour le prêt-à-porter pour la simple et unique raison que je ne pouvais pas cesser de penser à mes futurs cours, ou travail à faire en matière de lingerie. Cette dernière absorbait toutes les parcelles de créativité en moi… et c’est comme ça que je me suis consacrée uniquement à elle».
Baya : Quel était la réaction de ton entourage vis-à-vis des études que tu suivais?
Raoudah: Il est vrai que ma famille m’a soutenue pour ce qui est du financement… A noter qu’ESMODE est un établissement privé qui offre une formation complète dans le domaine de la mode. Mis à part ce soutien financier, mon entourage était surpris et l’est toujours. Pour eux, être créatrice et confectionneuse de lingerie n’est pas une vocation. Les réactions que j’ai eues, lors de mes études, sont du genre “lingerie?! C’est vraiment ce que tu fais? Les robes de soirées et mariées ne sont-elles pas plus rentables?!…“. Ils pensaient que c’est un hobby plus qu’autre chose.
Baya : «Qu’est-ce qui t’as encouragé?»
Raoudah: Il est vrai que je suis une amoureuse de la lingerie, mais cet amour n’est pas le seul qui m’a poussée à avancer. Il y a aussi l’étude du marché tunisien, elle seule était révélatrice que la confection de lingerie est un domaine vierge et prêt à être exploité. En Tunisie, hélas, il n’y a pas de choix, quand vous allez faire du shoping, vous aurez du mal à trouver votre bonheur en tenue légère et ceci indépendamment de votre budget d’achat.
Même chose pour la question de taille. La morphologie de la femme tunisienne (arabe) ne correspond pas à celle des pays d’Europe ni celle d’Asie. Nous sommes à part et nous avons besoin d’un produit qui répond parfaitement à nos besoins. Avoir une carence en petite tenue féminine est un désastre (rires), du moins pour moi.
Baya: Où peut-on trouver vos créations?
Raoudah: Chaque année je prépare plus de deux collections. Une pour l’hiver (une lingerie simple), et une autre pour l’été (tout ce qui est maillot de bain). Je commercialise mes collections de bouche-à-oreille. Les femmes me contactent soit sur Internet (ma page et compte facebook) ou directement sur mon portable. Je leur montre mes collections et c’est à elles de voir. Elles peuvent toutefois commander un article existant ou me faire part de leurs souhaits.
Baya: Avant le festival de la Mode, avez-vous participé à d’autres événements?
Raoudah: J’ai participé à la foire Larroussa. C’était mon premier contact direct avec autant de consommatrices. C’est leur réaction face à mes produits qui m’a poussée à penser sérieusement d’ouvrir un show room.
Baya: L’avez-vous fait?
Raoudah: En fait, non. Le Festival de la Mode a bouleversé mes plans, dans le bon sens bien sûr. Là j’ai d’autres préoccupations, je dois préparer une nouvelle collection pour la Fashion Week à Milan. Je dois aussi suivre une formation avancée à Paris, pour perfectionner mon savoir et mon savoir-faire… Il y a plus d’un programme.
Baya: Revenons à votre participation au Festival de la mode. Comment s’est-elle faite?
Raoudah : (Sourire). J’ai entendu parler de l’événement par hasard sur le net. J’ai postulé tout en gardant en secret le type de mes créations. Je n’ai pas voulu le dévoiler pour ne pas être exclue et afin de maximiser mes chances. Ce n’est qu’à la fin du casting et suite à l’acceptation de mon dossier de candidature que j’ai informé la directrice de l’événement.
La confession était dure à accepter au départ, pour la simple raison qu’elle n’était pas préparée à ça! Nous avons trouvé un terrain d’entente qui était de faire défiler les mannequins avec des tenues peu légères! C’est pour cette raison que vous aurez du mal à voir les lingeries lors du défilé. Elles n’étaient pas à leur «état brut», si on peut dire ça.
Baya: Pouvez-vous nous donner une idée sur les prix?
Raoudah: Tout d’abord, vous devez savoir que tous les matériaux utilisés, le tissu, accessoires… sont importés de l’étranger, puisqu’en Tunisie le marché est restreint. Les prix sont raisonnables, et c’est à partir de 20 dinars la pièce, les deux sont à partir de 55 dinars.
M.S