« Le Repenti », de Merzak Allouache… Tout ça pour ça !
Non, vraiment, il semblerait que Merzak Allouache n’est plus grand chose à nous dire… ou alors son message est tellement distillé dans une mise en scène, certes épurée d’artifices, mais d’une lenteur extrême confinant à l’ennui et débordant de pathos qu’on se perd en route.
L’histoire de ce Repenti se dessine sur fond de loi d’amnistie et de réconciliation nationale…un pacte civil signé en 1999 pour un retour à la vie normale après tant d’atrocités. Rachid joué par Nabil Asli, tout en retenue, est de retour dans son village après 10 ans de guerre civile. Et dès les premières minutes le constat de base est posé, une loi ne suffit pas à laver les terroristes des crimes qu’ils ont commis et ne provoque pas l’amnésie subite des populations.
Honni par les habitants du village, il tente de se réinsérer en allant vivre en ville… il passe rendre son arme au commissariat et commence un petit boulot de serveur dans un café. Ce passage au commissariat est donc le début de l’énigme qui est censée nous tenir en haleine jusqu’à la fin du film… le flic aurait-il mis un contrat sur quelqu’un ? Aurait-il négocié des dénonciations tardives… on ne comprend rien.
Plus les minutes passent, plus la lourdeur s’installe. 2 minutes à boire un verre de vin, 3 minutes de télé en chinois, 2 minutes à boire le thé… les minutes s’égrènent et deviennent des heures. Ne parlons même pas du moment interminable où les trois protagonistes, Lakhdar, Rachid et son ex femme prennent enfin la route vers ce qu’on imagine être la fin du film et la révélation du mystère. Vont-ils vers la frontière ? Fuient-ils ?
Lorsqu’on apprend (enfin!) que Rachid aurait été le témoin de l’enlèvement et du meurtre de la fille du couple, on comprend encore moins comment le scénario va se terminer. Ben, oui, voyons, suis-je bête… il faut les tuer tous, comme ça, ça simplifie tout. La scène finale finit donc en extermination totale. Mais, même à ce moment là, le bruit des mitraillettes qui retentit sur un fondu au noir laisse encore sur une incertitude… Rachid est-il mort ? Est-il vraiment un repenti ? A-t-il tendu un piège au couple ?
Autre incompréhension, comment ce film a-t-il pu recevoir un prix à Chicago et à Cannes ? Des questions qui sont toutes restées sans réponses… Le message que Merzak Allouache essaye de nous faire passer et que l’on ne perçoit qu’à postériori est peut-être que la loi ne résout rien, que le deuil, le pardon et un retour à la vie civile sont impossibles mais il délaye et alourdit tellement son propos que le pari est complétement raté. Dommage !
Florence Pescher