Alors que nous nous apprêtons à fêter le 56ème anniversaire de la promulgation du CSP (code du statut personnel), nous sommes surprises par les débats et les positions prises au sein de l’ANC par des représentants et représentantes du peuple et dont le seul but est la remise en cause du principe de l’égalité entre les sexes et le refus de la reconnaissance des droits humains des femmes. Ces positions frappent de plein fouet la citoyenneté et la dignité des femmes.
La proposition faite par certains membres de la commission des droits et des libertés qui dit que « la femme est la complémentaire de l’homme au sein de la famille… » est un revirement total par rapport aux promesses faites au cours de la campagne électorale par tous les courants politiques qui avaient affirmé leur attachement aux droits des femmes, et leur volonté de les faire évoluer.
Au moment où plusieurs voix s’élèvent pour la consolidation des droits des femmes et leur constitutionnalisation, cette position menace et fragilise les acquis et permet de consacrer un système patriarcal qui donne tout le pouvoir aux hommes et prive les femmes de leurs moindres droits, cette position, nie leur citoyenneté et leur indépendance en tant qu’être humain à part entière, en tant qu’égales des hommes à qui il appartient de jouir de leurs droits humains au même titre que les hommes. Les femmes y sont définies en tant qu’appendice aux hommes qu’ils soient père, mari ou frère.
Depuis le 13 août 1956 est promulgué le premier texte de loi qui légifère les relations au sein de la famille, garantit un certain nombre d’acquis, met les bases d’un nouveau modèle moderniste de la famille tunisienne consacrant le droits des garçons et des filles à l’éducation, limitant l’âge du mariage, prohibant le mariages des petites filles, pénalisant la polygamie, facilitant le divorce judiciaire quand la vie conjugale devient impossible. Les femmes ont eu accès à l’éducation depuis 56 ans ce qui a permis à la société tunisienne d’avoir des compétences féminines dans tous les domaines. A l’occasion de la commémoration de la promulgation du CSP, alors que nous devrions saisir cette opportunité pour enregistrer d’autres acquis pour les femmes, nous nous retrouvons face à des propositions rétrogrades et passéistes.
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Nous, femmes tunisiennes qui avons toujours lutté pour l’égalité pleine et entière entre les sexes :
- Nous exprimons notre refus catégorique de ce qui a été proposé par la commission des droits et des libertés disant que « la femme est la complémentaire de l’homme au sein de la famille» tout en réaffirmant notre attachement au principe d’égalité entre les sexes.
- Nous appelons les membres de l’ANC à retirer cette proposition et à adhérer au principe « de l’égalité totale et effective entre les hommes et les femmes »
- Nous réaffirmons notre attachement aux acquis du CSP tout en renouvelant notre revendication en ce qui concerne la constitutionnalisation des droits humains des femmes.
- Nous saluons les composantes de la société civile pour son éveil citoyen, nous les appelons à continuer la lutte jusqu’à l’obtention d’une constitution qui consacre et garantit les objectifs de la révolution : Liberté, dignité, égalité et justice sociale.
- Ahlem Belhaj- Association tunisienne des Femmes démocrates (AFTD)
- Radia Belhaj Zekri – Association tunisienne pour la Recherche et le Développement (AFTURD)
- Abdessatar Ben Moussa – Ligue tunisienne pour la défense des Droits de l’Homme (LTDH)
- Sondés Garbouj – Section Tunisienne d’Amnesty International (AI)
- Sihem Ben Sedrine – Conseil national des Libertés en Tunisie(CNLT)
- Sami Tahri – Membre du Bureau Exécutif de l’UGTT
- Najoua Makhlouf – Commission Femmes de l’UGTT
Source: communiqué