Ce sujet peut paraître de moindre importance pour certains, surtout en cette période transitoire durant laquelle l’ordre des priorités des Tunisiens a été revu, mais nous n’avons pas revu à la baisse nos valeurs – ou presque.
Si certains ont peur de croiser un chien errant car il risque de les frôler, agresser voire attaquer, nous avons peur de perdre notre humanisme et nos sentiments. Lorsque ces gens-là rencontrent un chien errant en rentrant tard du boulot ou après une soirée, ou même à la lumière du jour, ils font demi-tour ou rebroussent chemin et ils n’en meurent pas ; par contre, ce sont les balles tirées sauvagement à minuit qui tuent…. des chiens innocents.
Hier soir, au moment où la ville dormait, sombrant dans le noir total, un bruit strident d’explosion est venu déranger ma quiétude et bouleverser mon esprit, j’ai sursauté, couru vers le balcon pour comprendre l’origine de ce bruit. La première image qui m’est apparue est celle d’une patrouille de policiers : une voiture de police et quelques motards, dispersés çà et là tout au long de la rue, deux d’entre eux tenaient leur arme à feu en direction non pas d’un criminel, mais deux chiens errants.
Le chien pressait le pas, pardon la patte, conscient du danger qui le guettait, à un moment il a cessé de bouger une balle l’a atteint, il était tombé raid avant de se mettre à gémir et pousser des cris intenses de douleur, la pauvre bête souffrait le martyr; les policiers, quant à eux, passaient leur chemin, le plus normalement du monde, on pouvait entendre «ça y est , c’est réglé», l’un d’entre eux répliquait «oui, c’est fini, on y va» après cette scène, le calme total distordu par des quintes de toux, le chien qui agonisait était collé à un muret fraîchement coloré de son sang giclant fort, qu’on pouvait voir de loin, à l’œil nu.
Une scène plus qu’émouvante, de la pure barbarie, douleur, une brise m’enlaçait, frôlant ainsi la chair de poule qui en plus des larmes, mon corps a trouvé comme moyen de «contestation» à cette scène. Ma respiration s’est arrêtée un moment, mon cœur lui battait le tam-tam ; le cri de «chien battu» m’a désarmée. Déshonneur, désespoir et dégout.
La nuit porte conseil, j’en ai profité pour mener des recherches comme prémices à une enquête sur l’abattage des chiens errants en Tunisie.
A propos de l’abattage des chiens errants en Tunisie
En Tunisie, l’abattage des chiens errants se fait par balles, les chiens sont donc fusillés.
Le sang des chiens qui coule est justifié par l’importance du côté esthétique de la ville, des chiens tout-moches qui trainent partout, ça ne plait pas aux touristes, que faire? Les fusiller en nous marchant sur le cœur pour le plaisir des yeux des étrangers. Tirer des coups de feu sur des animaux, des êtres vivants, est une mesure inacceptable. Pour cette raison, plusieurs associations ont milité pour que le gouvernement repense sa stratégie environnementale en matière d’abattage.
L’association SPA de la protection des animaux a déclaré à un journaliste du journal Le Temps en novembre 2009: «Par nos propres moyens. D’abord, nous faisons chaque jour entre 30 et 40 opérations de stérilisations dans ce centre. Et puis, moi, je travaille dans toute l’Europe, surtout en France, avec des associations de protection animale pour subvenir aux besoins de la SPA Tunisie. De même, nous avons des conventions avec des institutions du pays (hôpitaux, hôtels…) en vertu desquelles nous procédons au ramassage des chats et des chiens errants en vue de les stériliser et les retourner dans leurs milieux d’origine sans jamais les tuer. Nous sommes donc payés pour ce travail ! Mais, il y a beaucoup de charges à acquitter! Sachez que la SPA avait 6 centres à travers la République ; trois sont déjà fermés, faute de moyens (Gabès, Gafsa et Tozeur); il n’en reste que 3 seulement (Tunis, Sidi Bouzid et Sousse) et qui ne fonctionnent pas comme il convient».
A la question : Vous faites des chiens errants votre cheval de bataille. Quels sont vos programmes pour endiguer ce phénomène menaçant pour la santé de l’homme, l’environnement et le tourisme ?
Sa réponse..
«Les solutions adoptées jusque-là par les autorités ne sont pas efficaces. Tirer des coups de feu sur des animaux, des êtres vivants, est une mesure inacceptable. Nous avons présenté notre programme dans ce domaine aux autorités compétentes depuis 2003 ; malheureusement, notre requête reste jusqu’à maintenant sans réponse. Notre action vise tout simplement à mettre fin au problème des chiens errants par la stérilisation. Une seule chienne en chaleur peut entraîner une meute de 20 chiens ou plus dans nos rues, provoquant un spectacle désolant pouvant nuire à notre environnement et à l’image touristique de notre pays ! Ces chiennes en chaleur vont faire des petits au moins deux fois par an, ce qui augmente le nombre des chiens errants. Donc, c’est pour cela que nous considérons que la stérilisation est le moyen le plus efficace. Cependant, cette action se heurte à deux obstacles : la mentalité des gens et le coût de l’opération. En effet, imaginez que pas mal de gens considèrent la stérilisation comme un péché, donc interdite par la religion ! D’autres ne sont pas motivés à cause de la cherté de cette opération qui peut coûter jusqu’à 50 dinars. C’est pour cette raison que nous préconisons une action nationale assurée par l’Etat qui consiste à organiser des campagnes de stérilisation gratuite dans tout le pays. Une opération qui s’étend sur 3 ou 4 ans et qui doit être précédée par une campagne de sensibilisation auprès de la population pour pousser les gens à amener leurs bêtes pour être stérilisées ! La stérilisation s’attaque à l’origine du problème : on doit arrêter d’abord les naissances, le nombre des chiens errants diminuera progressivement ! D’ailleurs, cette action est actuellement menée dans tous les pays d’Europe et les résultats sont très positifs ! L’abattage des chiens errants sur la voie publique est une pratique barbare qui n’est plus d’usage actuellement dans le monde».
Des pratiques barbares qui ne choquent personne ou très peu de gens
Beaucoup de personnes et acteurs de la société civile tunisienne sont au courant de ce fléau. Pourtant, ils font la sourde oreille, cela ne semble pas les déranger pour autant. On me dit simplement «ils tuent des chiens, en Tunisie, c’est normal, il faut s’en débarrasser surtout que l’été arrive»
[Quelques mots sur la toile ]
« Je pense que le groupe devrait changer de nom “pour une loi contre l’empoisonnement des chiens errants en Tunisie” car sur Tunis la municipalité a trouvé une méthode plus répugnante et moins couteuse et bien silencieuse pour tuer les chiens errants, j’ai eu une info de la part d’une personne qui s’occupe de 12 chiens, leur donne à manger chaque jour, les a trouvé empoisonnées à huit heure du matin…d’après le gardien: les bourreaux de la municipalité sont arrivés à sept heures du mat, avec deux policiers et ont ramassé les douze cadavres après avoir mis du “fattek” dans leur nourriture, alors qu’en dites-vous les amis?! Moi j’en suis furieuse » une publication sur la page Facebook « Pour une loi contre l’abattage des chiens errants en Tunisie »
« Je ne supporte pas la cruauté envers les animaux.je suis contre.
Assez c’est assez.
« Il faut faire quelque chose, ces chiens ne méritent pas un tel sort……. »
« Il faut agir et faire connaitre cette aberration inhumaine…. Les médias évitent ce sujet pour quel motif au juste????? C’est bien étrange….JE PARTAGE!!!!! »
Légalisation en vigueur
Par ailleurs, en matière de législation, le code des obligations et de contrats prévoit une seule loi en cas d’attaque ou d’accident, il s’agit de l’article 94 «Chacun doit répondre du dommage causé par l’animal qu’il a sous sa garde, même si ce dernier s’est égaré ou échappé».
Dans le cas où le chien s’avère sans maître la victime est en mesure de faire demander une action en réparation contre la mairie. En effet il est stipulé dans l’article 84 du même code : «La responsabilité s’applique également aux communes et aux administrations publiques pour les faits ou les fautes imputables à leurs représentants, agents et fonctionnaires dans l’exercice de leurs fonctions, sans préjudice de la responsabilité directe de ces derniers envers les parties lésées».
Non à la tuerie des chiens
Mais cela ne justifie nullement l’abattage par balles, des chiens errants. Indignons-nous face à une telle aberrance, la société civile doit bouger et effectuer des pressions réelles aux députés du parlement pour qu’ils cessent de tuer ces animaux par des méthodes inhumaines. Commençons par la sensibilisation, les pétitions en ligne avant de présenter un projet de loi à la constituante pour rechercher des solutions pour un meilleur contrôle chiens errants.
Stériliser, castrer mais ne fusillez pas !
Il y a d’autres méthodes pour prévenir la rage et autres maladies qui peuvent atteindre les chiens errants, on peut les castrer et ainsi ils ne se proliféreront plus, on peut également les stériliser. Selon des recherches menées par des cabinets de vétérinaires en États-Unis, La stérilisation assure aux chiens chien une meilleure santé, une vie plus longue et vous apporte une certaine tranquillité d’esprit en évitant ainsi, le massacre et la torture pour les chiens.
Si vous êtes sensible à cette cause, si vous aimez les animaux, et que vous avez mal pour les chiens, signez la pétition en ligne