C’est peut-être parce qu’elle s’est retrouvée très jeune à vivre l’expérience de la diversité que Faïza Skandrani se bat avec autant de coeur pour l’égalité et la parité. “A 5 ans, je me suis retrouvée interne dans une école laïque. J’ai appris très vite l’autonomie, l’indépendance. J’y ai aussi appris le partage. On recevait les biscuits des fêtes juives, les chocolats des fêtes chrétiennes et on donnait les gâteaux des fêtes musulmanes.”
Un apprentissage du partage et de la parité : “il n’y avait pas de différence entre filles et garçons.” Durant tout son parcours, Faïza apprendra deux autres valeurs fortes : le mérite et le savoir. “On était jugé là-dessus, c’est tout ce qui comptait.“
“Aujourd’hui, toutes ces valeurs sont ébranlées“, déplore-t-elle. Et c’est via son expérience de professeur qu’elle juge la société tunisienne. Une expérience qui l’a menée du Lycée de Montfleury à celui de Carthage, de l’IHEC à la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de Tunis.
Egalité et Parité
Entre 2009 et 2010, Faïza est convalescente. Elle se met alors à l’écoute des médias de manière beaucoup plus assidue : “surtout la radio en fait, qui est vraiment un média qui touche beaucoup de gens.” Petit à petit, elle prend conscience de la montée d’un anti-féminisme fort. “J’ai voulu réagir, j’ai fait appel aux journalistes pour donner plus de possibilité d’expression aux femmes, mais personne n’a répondu.” Voilà comment est née l’idée de l’association Egalité et Parité. Le reste s’enchaîne rapidement. Faïza porte son projet, part à la rencontre des associations et discute avec la Haute Instance pour mettre en place la parité dans les élections, participe à des manifestations, lance un appel à candidature de femmes pour se présenter aux elections de la Constituante : “J’ai reçu près de 800 CV de femmes tunisiennes de tout le pays. Ce qui démontre bien que les femems s’interessent à la politique et sont prêtes à se présenter.” Faïza organise alors un séminaire autour de la communication politique. Elle invite les femmes ayant envoyé leur CV à venir à Tunis. Une bonne centaine d’entre elles se retrouvent : certaines seront candidates, la formation est donc bienvenue.
Le combat d’Egalité et Parité ne s’arrête pas là : en plein mois d’août, une manifestation est organisée à La Kasbah pour la levée des restrictions à la CEDAW, des pétitions pour la défense des Droits des femmes sont lancées, d’autres manifestations en soutien aux libertés individuelles ont lieu… Pour la journée de la femme, l’association organise une conférence qui aura lieu le samedi 10 mars à Tunis. Un nouveau rassemblement pour que les Droits de la femme avancent.
Sana Sbouai