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“Il n’existe pas une violence religieuse”

Depuis l’arrivée au pouvoir d’Ennahdha, on a assisté à une radicalisation de la société tunisienne, qui d’après le parti au pouvoir est la preuve de l’expression de la véritable identité tunisienne largement réprimée avant la révolution du 14 janvier. Cette violence de plus en plus présente dans notre quotidien avec des coups d’éclat de plus en plus nombreux est-elle due à l’amalgame politico-religieux fait par nos dirigeants où est-elle vraiment le miroir de la société actuelle?

Pour Hajer Karray,  psychanalyste et ex-candidate du parti l’Avenir pendant les élections du 23 octobre,  la question est plus complexe. L’identité tunisienne prend en compte les valeurs arabo-musulmanes, les traditions et la culture tunisiennes mais aussi des valeurs occidentales, voire judéo-chrétiennes. Cette identité s’est forgée depuis l’indépendance et c’est une composition entre modernité et conformisme. Elle est moderne et émancipée mais garde un fonds conservateur. Bien sûr, un certain nombre de tunisiens adhèrent à un projet de société religieux, islamiste, mais c’est le cas aussi dans le reste du monde. Ce phénomène n’est pas propre à la Tunisie. Il y a une tendance générale à vouloir appartenir à une communauté, ethnie ou religion dans une sorte d’affirmation de soi. Ce qui conduit forcément à la haine de la différence.

Les violences actuelles sous couvert religieux peuvent être expliquées par un profond malaise culturel et un repli communautaire de plus en plus flagrant. Malheureusement, c’est un repli régressif certainement du en partie au mouvement de religiosité généralisé. Mais l’identité tunisienne ne cadre pas avec ce modèle identitaire intégriste. Le tunisien est par définition multi-ethnique et multi-confessionnel. Si islamisation de la Tunisie il y a, ce sera une islamisation forcée. Le tunisien a une façon bien à lui d’être proche de Dieu tout en harmonie, tout ce qui est dogmatique est donc très loin de sa manière de voir les choses.

Ennahdha n’a pas été massivement voté pour des raisons religieuses mais pour des raisons sociales. En effet, le discours et les largesses d’Ennahdha vis à vis des plus défavorisés lors de la campagne électorale ont fait miroiter le mirage de la solidarité sociale. Toutes les couches moins bien nanties y ont vu la promesse de ne plus être laissées pour compte. Donc diviser la société tunisienne en deux, laïcs versus islamistes n’a pas de sens. Cette “division” sert surtout des buts politiques. Du temps de Ben Ali l’idée de l’islam politique a été diabolisé en dénigrant les femmes voilées entre autres. Le régime actuel fait exactement l’inverse. A chaque fois, le politique a voulu créer des confusions en insinuant que la laïcité est à l’origine de la débauche ou au contraire, que l’islam politique est une menace intégriste. Le but est le même: diviser pour mieux régner.

Propos recueillis par Hédia Baraket, notre consœur de La Presse de Tunisie.

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