A peine arrivée sur les lieux, Baya a eu l’honneur de visiter l’univers de Leila au théâtre Al Hamra où graffitis et tableaux décorent les salles. Leila nous a reçus dans sa «maison», c’est-à-dire le théâtre, qui est intégré à son âme et à son esprit depuis sa tendre enfance.
Souriante, radieuse avec à la fois une lueur d’espoir dans des yeux fatigués par l’obscurantisme, mort d’homme et décadence de la situation socio-politique en Tunisie, et une des étincelles de feu qui consume sa volonté de vivre pour une Tunisie meilleure. Une Tunisie qu’elle a refusé de quitter tel une maman refuse d’abandonner son enfant et ce en dépit des offres alléchantes qu’elle a reçues pour faire carrière à l’étranger.
Après l’avoir félicitée pour sa victoire contre la Ligue de protection de la révolution qui a tenté de l’évincer de la direction du festival de Boukornine, Baya a eu l’honneur d’interviewer cette «great woman» tunisienne.
Découvrez notre rencontre avec Leila Toubel, femme de théâtre et directrice du festival de Boukornine dans cette interview. Dans cet entretien, elle dévoile tout ce qu’elle pense de diverses questions qui touchent le quotidien des Tunisiens ainsi que ses positions par rapport aux événements récents.
Baya.tn : Etes-vous triste pour la Tunisie d’aujourd’hui ?
Leila Toubel : Non, je ne suis pas triste. Je suis certes fatiguée et dépassée par les évènements vu que je suis partout en même temps (théâtre, association IRVA, festival de Boukorine), mais j’ai encore beaucoup d’énergie et d’amour à donner pour cette jeune Tunisie, jeune par ses enfants et si vieille par son histoire. Le Tunisien a rompu avec la loi de la peur, même s’il y a eu mort d’hommes, il reste capable de défendre ses acquis.
Baya.tn : Regrettez-vous Ben Ali ?
Leila Toubel : Je ne regrette pas Ben Ali, le despote qui a pillé et trahi son pays. Et je m’exclame devant ces gens qui disent le regretter, comment regretter un homme qui a volé son pays, créé le vide politique et le désert culturel et social. La Tunisie, même malade en ce moment, se porte mieux que jamais depuis son départ; elle guérira très vite grâce à ses enfants fidèles.
Baya.tn : Que pensez-vous des islamistes au pouvoir ?
Leila Toubel : (sourire). C’est bien qu’il y ait des islamistes au pouvoir, cela prouve que nous sommes capables de changement. Toutefois, les islamistes, comme ils se font appeler, n’auraient pas pu être au pouvoir sans l’aide des marionnettistes étrangers. Ils ont acheté des voix, et le camembert des voix des élections du 23 Octobre le prouve puisqu’il y a un grand pourcentage de Tunisiens qui n’ont pas voté.
Baya.tn : Pensez-vous que le peuple tunisien pourra sortir de cette crise de violence? Si oui, comment?
Leila Toubel : Le dialogue n’est pas la solution à la violence. En l’absence d’une volonté politique claire, nous allons vers une guerre, les prémices sont là ! Le peuple tunisien doit rester uni et se rappeler son identité arabe et musulmane et cesser la violence qui nous mènera au chaos total.
Baya.tn : Que pensez-vous des évènements de Jebel Chaambi ?
Leila Toubel : Tout le monde parle de terrorisme dans la région de Jebel Chaambi, moi je dis que le terrorisme est partout puisque la mort d’homme ne dérange pas ces gens. La machine du Djihad est en marche en Tunisie. Ce qui se passe à Jebel Chaambi confirme cela.
Baya.tn : Selon vous qui est derrière les événements de Jebel Chaambi ?
Leila Toubel : Des groupes terroristes comme ils disent. Je serais très prétentieuse de répondre à cette question. Qui a envie de tuer ? Je ne peux même pas me hasarder à répondre.
Mounira El Bouti