“Les articles du Code du Statut Personnel non conformes à la Constitution et aux Conventions internationales, notamment la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW), doivent être révisés afin de garantir l’égalité totale entre l’homme et la femme”, a déclaré Khadija Madani, experte en droits de la femme.
S’exprimant lors d’une conférence organisée, jeudi, à Tunis, dans le cadre des célébrations de la fête nationale de la femme qui coïncident, cette année, avec le soixantième anniversaire de la promulgation du Code du Statut Personnel (CSP), Khadija Madani a appelé à opérer une telle révision en raison de la présence de plusieurs problématiques au niveau de l’application juridique, d’un côté, et de l’équivoque qui existe dans le référentiel et la source de législation, entre la loi islamique (Charia) et la loi positive, d’un autre côté.
“Même si le Code du Statut Personnel est inspiré de la jurisprudence islamique (Fiqh), sa principale référence reste la loi positive”, a rappelé Madani, appelant les parties concernées à prendre les mesures nécessaires pour une application correcte de ce Code. Le code du statut personnel contient des articles instaurant une égalité totale entre l’homme et la femme, “or, il existe une inégalité non justifiée entre les deux sexes au niveau juridique” a-t-elle plaidé.
De son côté, Dalenda Larguèche, directrice générale du centre de recherche d’études, de documentation et d’information sur la femme (CREDIF) a fait remarquer que “malgré les acquis et le processus réformiste entamé, la femme tunisienne souffre d’inégalités dans plusieurs domaines”.
Elle a, dans ce sens, mis l’accent sur l’impératif d’assurer la volonté politique de réviser certaines lois afin de les adapter à la réalité de la société actuelle pour consacrer, effectivement, le principe de l’égalité totale entre l’homme et la femme, “tout en gardant l’esprit réformiste du Code du Statut Personnel”, a-t-elle renchéri.
Pour sa part, Samira Merai Friaa, ministre de la Femme, de la Famille et de l’Enfance, a insisté sur la nécessité d’adopter une nouvelle démarche en ce qui concerne la question de la femme, et de changer “les revendications” en “actions” afin de permettre à la femme d’endosser un rôle actif au sein de la société et dans les postes de décision.
“L’adoption de la parité homme-femme dans le Code électoral spécifique aux municipalités et aux Conseils régionaux est l’une des mesures prises afin d’atteindre cet objectif”, a relevé la ministre.
Des sessions de formation dans le domaine de la gouvernance locale, la politique et le domaine public sont organisées au profit des femmes afin de valoriser leurs places dans le milieu rural et dans le domaine scientifique et culturel, a-t-elle ajouté.
La ministre a, par ailleurs, annoncé la création, par son département, d’un plan de financement pour soutenir entrepreneuriat féminin, révélant, que cette expérience sera généralisée au cours de l’année 2017 au niveau du gouvernement et du ministère des Finances.