La Tunisie célèbre, le 1er octobre de chaque année, et à l’instar des autres pays du monde, la journée internationale des personnes âgées placée cette année sous le signe de la valorisation de l’expérience.
Comme c’est le cas dans les pays avancés, et à la faveur de l’amélioration des conditions de vie et des prestations médico-sanitaires, la Tunisie connait un vieillissement progressif de la population; le taux des personnes âgées de plus de 60 ans étant passé de 4.1% de l’ensemble de la population en 1956, à 11.7% en 2014.
Selon les prévisions, ce taux devrait atteindre les 17.7 % en 2029, et 20.9% en 2034. En moyenne, l’espérance de vie à la naissance, qui était de 75 ans et demi en 2014, s’élèvera à 77 ans à en 2029.
Devant cette mutation démographique et ses conséquences socio-économiques, un dispositif légal propre à cette catégorie a été mis en place dans l’objectif de garantir ses droits fondamentaux au sein de la famille et dans la société, en parfaite cohérence avec les valeurs humaines universelles et les préceptes religieux y afférant.
La loi d’octobre 1994 relative à la protection des personnes âgées a constitué un tournant majeur dans la politique tunisienne de promotion de la condition des séniors. Elle a prévu une définition légale du statut de personne âgée, ainsi que les dispositions et principes qui en garantissent les droits fondamentaux.
Avant cela, le Code du Statut Personnel, promulgué en 1956, avait déjà accordé aux personnes âgées des droits avant-gardistes pour leur assurer une prise en charge matérielle et préserver leur intégrité morale: droit à une pension alimentaire versée par les enfants et petits-enfants, droit de visite des petits-enfants, annulation d’un leg, etc.
Les régimes sociaux publics et privés ont également suivi cette évolution et instauré la globalité de la couverture sociale pour la quasi totalité des travailleurs dans les secteurs des services et de la production, y compris le secteur agricole (86%).
La couverture sociale des personnes âgées, notamment celles dépourvues de soutien familial et financier, permet de leur assurer des conditions de vie décentes dans leur environnement. Des aides financières fixes sont allouées aux plus démunis, en plus de la gratuité des soins médicaux ou d’une tarification réduite pour certains. Une aide mensuelle de 150 dinars prévue par le programme national de soutien aux familles nécessiteuse leur est attribuée à travers les services du ministère des Affaires sociales.
S’agissant de la prise en charge de la personne âgée dans son environnement naturel, des équipes mobiles pluridisciplinaires, composée de cadres médicaux et paramédicaux, d’agents sociaux et d’auxiliaires de vie se déplacent périodiquement à domicile et dispensent aussi bien des services sanitaires que des aides en nature (produits alimentaires, restauration de l’habitat,…).
Actuellement au nombre de 43 (23 régionales et 20 locales), ces équipes sont dirigées par des associations de soutien aux personnes âgées appuyées financièrement par l’Etat.
Un programme national de prise en charge des personnes âgées au sein de familles d’accueil a également été mis en place dès 1999, conformément à des critères préétablis. La famille d’accueil bénéficie d’une aide mensuelle de 150d accordée par l’Etat, et un suivi régulier des conditions de vie de la personne âgée est effectué sur le terrain par des responsables du ministère de la femme et de la famille, et le ministère des affaires sociales.
Le placement en institution reste le dernier recours, lorsque toutes les solutions d’hébergement en famille et dans l’environnement naturel sont épuisées.
Les centres d’hébergement et de protection des personnes âgées, aujourd’hui au nombre de 12, accueillent 616 résidents et offrent un soutien social et un suivi médical assurés par un personnel médical et paramédical, des agents sociaux, des auxiliaires de vie et des administratifs.
Un nouveau centre a été ouvert en juin 2016 à Gammarth, offrant une capacité d’accueil de 132 lits.
Selon Imen Becheikh, directrice adjointe du service des personnes âgées au ministère de la femme, de la famille et de l’enfance, une commission nationale finalise, actuellement, le cahier des charges relatif à la création et la gestion d’établissements hospitaliers de prise en charge de personnes âgées, tunisiennes ou étrangères. La commission est composée de responsables des ministères concernés, de la direction générale de la protection civile, de l’institut national de nutrition, de la société civile et de compétences nationales.
Elle veille également, a expliqué Mme Becheikh dans une déclaration à l’agence TAP, à la révision des lois et des textes législatifs relatifs aux personnes âgées.
Le ministère de la femme et de la famille étudie, en outre, un projet permettant aux jeunes diplômés du supérieur de lancer des établissements d’accueil de personnes âgées, ce qui permettra d’améliorer les services de proximité, d’offrir de nouvelles perspectives aux concernés et d’impulser l’économie solidaire et sociale.
En 2017, le cahier des charges fixant les conditions de création d’un club de jour pour personnes âgées sera publié, a-t-elle encore indiqué, soulignant que son département a élaboré un programme national pour la célébration de la journée internationale des personnes âgées, comportant notamment une conférence intitulée “psychologie des personnes âgées et qualité de vie”, prévue le 4 octobre à la fondation Sadok Idriss pour la protection des personnes âgées, à Gammarth.
Des campagnes de sensibilisation seront par ailleurs organisées dans les transports publics, les écoles et les lycées, les hôpitaux et les mosquées, outre des événements culturels et récréatifs à Tunis et dans les régions.
Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), 600 millions de personnes dans le monde sont âgées de plus de 60 ans, et la tendance à la hausse étant confirmée, ce chiffre devrait doubler en 2025 et atteindre les 2 milliards en 2050 dans les pays développés.
Instaurée par les Nations Unies en 1990, la journée internationale des personnes âgées est axée, cette année, sur “la lutte contre la discrimination envers les personnes âgées, en dénonçant les stéréotypes et les idées fausses sur les personnes âgées et le vieillissement”, selon l’ONU.