“Elles ne sont pas bien les femmes comme elles sont ? Il faut les changer ? ” s’étonne Mahmoud Jrad, docteur et sexologue tunisien. Une réaction qui fait sourire, un peu de légèreté pour aborder un sujet difficile : l’excision, une pratique qui porte atteinte aux Droits de l’Homme, quelque chose de l’ordre de la barbarie mais qui reste toujours pratiquée dans certains pays d’Afrique et du monde arabe.
“L’excision c’est une mutilation du clitoris, c’est l’équivalent de la castration chez les hommes, ça n’a rien à voir avec la circoncision, explique Kamel Abdelhak, psychothérapeute. C’est une affaire dramatique !”
Le docteur Abdelhak a longtemps travaillé avec l’Office National de la Famille et de la Population tunisien et il a reçu de nombreux délégués de pays africains. Il connait les conséquences de cette pratique : “une jeune fille de 12, 13 ou 14 ans, ou même une femme, a qui vit une douleur aussi importante est définitivement traumatisée et n’aura des rapports sexuels que dans la douleur et dans le souvenir de cette douleur.”
De nombreuses jeunes filles décèdent lors de cette opération du fait du choc, de la douleur, d’infection ou d’hémorragie. Cette coutume est combattue par les gouvernements de la plupart des pays concernés. Treize pays africains ont adopté des lois réprimants les mutilations sexuelles. L’OMS comme l’UNICEF s’y opposent. L’université Al-Azhar du Caire a même lancé une fatwa en 2006, dans laquelle elle qualifie les mutilations génitales féminines de “crime contre l’espèce humaine”.
Mahmoud Jrad se demande quelle idée peut bien pousser des hommes à encourager ce genre de pratique : “il n’y a aucune logique scientifique à l’excision, c’est une pratique anormale qu’il faut combattre.” Kamel Abdelhak voit dans cette pratique une forme de soumission de la femme. ” On met la femme en position de marchandise, que l’on échange de mariage en mariage. C’est une répression du corps, une négation du plaisir féminin, avec toujours cette idée de préserver l’honneur.” Mais quel honneur est préservé quand on mutile une femme ?
Sana Sbouai