” Quelque 17 mille signalements relatifs à la violence à l’égard des enfants, essentiellement en milieu familial, ont été enregistrés en 2019 contre 5000 signalements en 2015 “, a souligné jeudi Néziha Laabidi, ministre de la femme, de la famille, de l’enfance et des Séniors.
Dans une déclaration aux médias en marge de la tenue au siège du ministère à Tunis, d’une réunion avec Marie-Louise Coleiro Preca, ancienne présidente de Malte et actuellement présidente de Eurochild ainsi que des bailleurs de fonds qui contribueront au financement de la 4ème conférence mondiale de Haut niveau de l’interdiction universelle des châtiments corporels prévue en Tunisie en 2020, Laabidi a précisé que l’augmentation du nombre de signalements est révélateur de la prise de conscience par les citoyens de la nécessité de dénoncer les auteurs de violence à l’égard des enfants afin qu’ils soient condamnés et jugés pour leurs actes.
” La dénonciation des coupables est un outil important pour lutter contre la violence et protéger le droit des enfants à une vie digne et décente “, a-t-elle souligné ajoutant que le ministère assure également l’assistance des enfants victimes de violence ou en danger.
En effet, selon l’enquête par grappes à indicateurs multiples (MICS6-Tunisie/2018/2019), 88,1% des enfants âgés de 1 à 14 ans ont subi une méthode de discipline violente et 48,9% ont subi des punitions physiques.
Dans ce contexte, Laabidi a rappelé que la Tunisie a déposé le 15 octobre dernier le document de son adhésion à la convention du conseil de l’Europe sur la protection des enfants contre l’exploitation et les abus sexuels signalant qu’elle est devenue ainsi le 1er pays arabe et musulman à avoir signé une telle convention visant à préserver les droits des enfants.
La ministre a, en outre, fait remarquer que l’organisation en Tunisie, en avril ou mai 2020, de la conférence mondiale de haut niveau de l’interdiction universelle des châtiments corporels témoigne de la volonté du pays à renforcer davantage les droits des enfants.
Pour sa part, Marie-Louise Coleiro Preca s’est félicitée de l’engagement de la Tunisie à préserver et à garantir les droits des enfants et à lutter contre la violence à leur égard sous toutes ses formes.
D’après une note conceptuelle fournie par le ministère de la femme, de la famille, de l’enfance et des séniors, la conférence vise à mettre l’accent sur la criminalisation de la violence physique contre les enfants et à promouvoir leur rôle dans la lutte contre le châtiment corporel considéré par le code pénal (article 319) comme une infraction pénale et une violence punissable par la loi.
Il s’agit en outre de promouvoir les bonnes pratiques et d’assurer une large sensibilisation pour les droits fondamentaux des enfants et le respect de leur dignité et leur intégrité physique.
Parmi les autres objectifs spécifiques de cette conférence, figure la promotion des formes positives, non violentes d’éducation des enfants et de résolution des conflits auprès des futurs parents.
Les travaux de la conférence se dérouleront sous forme de plénières et d’ateliers participatifs et seront axés sur quatre thématiques, à savoir le cadre réglementaire de référence (expériences comparées), les mécanismes et outils de criminalisation de la violence contre les enfants, la prévention contre le châtiment corporel (interventions des structures gouvernementales et de la société civile) et le rôle des enfants et des parents dans l’élimination du châtiment corporel.
A noter que la 1ère conférence mondiale de haut niveau sur l’interdiction des châtiments corporels a eu lieu à l’initiative de la Suède en 2014. La deuxième a été organisée en Autriche en 2016 et la troisième s’est tenue en Malte en 2018.