Parce que l’histoire a toujours été écrite par des hommes, ces derniers avaient peu de scrupule en l’écrivant. Rares sont ceux qui avaient le courage de la transmettre fidèlement. Nombreux sont les héros masculins que notre région a connus. Mais qu’en est-il du sexe féminin?
Peu de recueils en parlent ou en témoignent, non pas parce que des n’ont pas marqué l’histoire mais parce que les historiens ont choisi de les ignorer! Une réaction égoïste voire narcissique du sexe masculin.
C’est le cas de Zulaikha Aday, une femme avec une âme de guerrière qui a fut exécutée le 25 octobre 1957 par le colon français. Une combattante de l’occupation dont l’histoire a choisi d’oublier car c’est une femme. Une militante dont la France redoutait vu la gravité de ses actes et de ses opérations à son encontre sur le sol algérien.
Son vrai nom est Yamina Shayeb, née le 7 mai 1911. Elle a grandi dans une famille résistante. Elle a vécu comme les autres jeunes de sa génération sous le colonialisme, l’injustice, l’oppression, la violence, la maladie et la pauvreté.
Son parcours de combattante commença lorsqu’elle opta, par conviction, au Jihad. A cette époque et dans ces circonstances, elle a pu réaliser et contribuer efficacement à la formation de nouvelles cellules de jeunes résistant(e)s. Elle collectait aussi des médicaments, de la nourriture et de l’argent pour les combattants dans les montagnes. Elle eut un fils, Abou Kassem, mort en martyr avec son mari lors des affrontements contre le colonisateur.
Face à l’ampleur de ses opérations (assassinats et enlèvements d’officiers français, bombardements des abris …), Zulaikha Aday est devenue l’ennemi numéro 1 de la France. Elle fut capturée lors d’une vaste opération de ratissage militaire de la montagne Sidi Slimen le 15 octobre 1957.
Elle passa 10 jours sous la torture et ne donna aucune information sur ses collègues résistants ou sur leurs plans. Elle fut attachée à une voiture militaire, traînée et torturée sur des places publiques pour terroriser les villageois et pour faire d’elle un exemple à ne pas suivre. Face à ça, Zulaikha crachait à la figure de ses tortionnaires. Au bout de 10 jours, le général Costa, qui l’interrogeait, s’est rendu compte que rien ne pouvait la faire craquer.
N’ayant pas pu satisfaire sa vengeance, il lui réserva une mort indigne: il la jeta d’un hélicoptère dans les montagnes, afin que personne ne puisse trouver son corps, l’identifier ou l’enterrer. Son exécution eut lieu le 25 octobre 1957.
Une dépouille que personne n’a pu trouver jusqu’en 1984, lorsqu’un vieux paysan a déclaré que quand il était plus jeune en 1957, sous l’occupation française, il surveillait son troupeau comme d’habitude dans la montagne, il trouva le corps d’une femme écrasée, puis l’enterra. Ensuite, il leur montra sa tombe… Pour vérifier son histoire, les villageois exhumèrent le corps. Ils trouvèrent des ossements humains et une robe … celle que portait Zulaikha le jour de son exécution.
Demain le 25 octobre 2013 est le 56 éme anniversaire de sa mort.
M.S