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“Femmes aux postes de décision: atouts & difficultés”, ATUGE au Féminin: Celles qui veulent briser les tabous

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C’est au Foundok al Attarine, dans une ambiance conviviale et un décor agréable, que s’est déroulée la première soirée annuelle du Club ATUGE au Féminin. Un débat à cœur ouvert a eu lieu entre les membres du Club et leurs invités autour du thème “Femmes aux postes de décision: atouts et difficultés”. 

Cette soirée atugéenne fut unique en son genre vu l’affluence importante et rarissime des femmes participantes. Ces dernières, directement concernées par le sujet, ont apporté leur contribution au débat.

Le débat fut modéré par Samar Louati, vice-présidente d’ATUGE Tunisie.

Parmi les intervenantes, on peut citer :

Toutes ont partagé le constat que même si les Tunisiennes affichent d’excellents résultats scolaires (comme le prouvent les résultats du baccalauréat de cette année et des années précédentes), les choses se compliquent à mesure que les femmes atteignent les postes à responsabilité et encore plus à l’approche du sommet de la pyramide.

C’est ainsi que nous passons d’un taux de 61% de réussite féminine au bac à un taux de seulement 6,5% de femmes chefs d’entreprise, et que sur les 30 grandes entreprises tunisiennes, seules 4 comptent des femmes au sein de leur conseil d’administration. C’est dire que le chemin est encore long devant les femmes cadres (ingénieures, juristes, financières ou commerciales) avant qu’elles puissent accéder aux mêmes opportunités que les hommes dans les hauts postes de responsabilité.

Différentes interventions se sont succédé lors de la soirée. Ben Mahmoud Jouini a ainsi souligné qu’à l’entrée de la vie active, les Atugéennes, ayant jusque-là brillamment réussi aux différents examens et concours, ne se sont confrontées qu’à des critères d’excellence objectifs. Elles pensent que le monde leur appartient et que rien ne les arrêtera. Ce n’est qu’après quelques années de carrière qu’elles ressentent les effets du plafond de verre.

Cofondatrice de l’ATUGE Tunisie avec Mme Harrouch, elle rappela que ce n’était peut-être pas un hasard que cette initiative n’arrive que 25 ans après.

Quant à Mme Charfi, elle a rappelé l’importance de la confiance en soi nécessaire à tout succès, c’est ainsi que, comparativement à l’ensemble de la population, les femmes dont les mères ont exercé un poste à responsabilité économique ou politique se sentiront plus aptes à s’imposer dans la vie professionnelle.

Enfin, Mme Harrouch a souligné que lors de son parcours professionnel, elle avait observé que les quelques femmes qui réussissaient à décrocher des postes à responsabilités les méritaient pleinement. Elles avaient effectivement dû redoubler d’efforts pour accéder à ces postes.

Elle rappela également le rôle très important des hommes dans l’établissement de l’équité au sein des milieux tant familiaux que professionnels.

D’ailleurs, les intervenantes ont souligné l’importance du choix du partenaire de vie dans la réussite professionnelle. Ainsi, madame Charfi, veuve de feu Mohamed Charfi (professeur de droit, militant des droits de l’Homme, ancien ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique), relate son souvenir des nuits où, devant rester à son laboratoire pour les besoins de ses expérimentations, son mari lui apportait son diner après avoir surveillé les devoirs des enfants et les avoir couchés.

Nous pouvons ainsi résumer les raisons expliquant ce constat en trois points: il y a les facteurs socio-culturels (en accédant à une carrière professionnelle, la femme tunisienne a pleinement conservé son rôle traditionnel dans la gestion des affaires du foyer, et doit jongler avec deux vies), les facteurs structurels (pauvreté des structures de soutien aux femmes actives: crèches, garderies…) et les facteurs intrinsèques (les dirigeants, tout comme les femmes elles-mêmes, ont parfois du mal à imaginer une femme dans les postes à responsabilité). Ces derniers facteurs sont peut-être d’ailleurs une conséquence directe des premiers.

Certaines des participantes ont pu surmonter ces obstacles et présentent de beaux exemples de réussite. Néanmoins, elles demeurent conscientes des difficultés et de l’importance de la solidarité des femmes entre elles pour promouvoir leur présence dans un espace encore très masculin.

Et il est rassurant d’entendre ces femmes témoigner qu’une fois les postes à responsabilité atteints, être une femme se transforme en atout: pour faciliter des négociations difficiles ou apporter une vision différente de la gestion d’entreprise.

Pour rappel, le Club Atuge au féminin a été lancé début février 2015 à Paris et début mai 2015 à Tunis. Le groupe a pour objectif de donner de la visibilité à ses adhérentes, dans un contexte où la participation féminine au niveau de l’expertise comme au niveau politique fait souvent défaut.

Le groupe se veut également un réseau de solidarité au sein duquel les membres pourront échanger sur leurs expériences de carrière diversifiées, identifier des synergies professionnelles ou faciliter un mouvement géographique.

Les événements ATUGE au Féminin ont depuis connu un vif succès avec la participation de plus en plus d’Atugéennes aux différentes activités. C’est ainsi que les actives du Groupe ont déjà organisé plusieurs événements (networking, coaching…). De nombreux autres événements se profilent pour l’année 2015-2016 sur Paris et Tunis: coaching, diners thématiques, rencontres, etc.

 

 

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