C’est autour de l’élan sublime du corps, que les passionnés, amateurs et curieux auront rendez-vous du 12 au 15 octobre dans le village de charme de Sidi Bou Said et la médina de Tunis avec le Tunis Tango Fest (TTF), deuxième expérience dédiée exclusivement au tango après celle de Djerba en 2015.
Cinq grands noms d’Argentine, d’Italie mais aussi de la Tunisie seront présents. Parmi ces professionnels, c’est la tanguera tunisienne Fatma Oussaifi qui sera à l’affiche.
Fatma Oussaifi a nourri la passion du Tango à partir de 2001 en parallèle à une pratique de plusieurs années de danses de salon (ball room), de ballet classique, de modern Jazz et de danses latines et caribéennes. Au fil des années et des voyages à Buenos Aires, elle a accumulé diverses expériences scéniques et d’enseignement, principalement en Europe.
Contactée par l’agence TAP depuis Paris où elle réside, Fatma Oussaifi, fondatrice de Résidence Tango Tunis, école de Tango et partenaire du festival, nous parle un peu de son parcours et de sa participation dans cet événement.
En tant que danseuse et enseignante de tango, en quoi consiste votre participation à Tunis Tango Fest 2017 ?
Fatma Oussaifi : Ma participation comme celle d’ailleurs des autres artistes, est une participation à un niveau pédagogique et artistique. Avec mon partenaire de danse, nous dispenserons des cours et nous donnerons un mini spectacle de danse d’une vingtaine de minutes, pendant le bal. Par ailleurs, Residence Tango Tunis a apporté sa contribution au Tunis Tango Fest à travers la mise en relation des artistes présents (le choix des artistes, la
coordination avec eux par rapport à leurs prestations pendant le TTF etc..), ce qu’on peut appeler une direction artistique.
Outre les artistes argentins, est ce que vous êtes la seule artiste tunisienne à participer à ce festival ?
Ce festival compte 5 artistes invités dont trois argentins, un italien et moi-même tunisienne. La présence inestimable de Milena Plebs, grand
nom du tango à l’échelle internationale, fait honneur au festival en venant partager sa longue expérience de danseuse, chorégraphe et professeure.
Quel est le public cible d’un tel festival?
Le public cible du tango est un public de passionnés mais également de curieux qui ont là une belle occasion de faire connaissance avec cet art grâce à des professionnels de haut niveau.
Comment se fait la sélection des participants (le nombre des participants par cours, la durée du cours, les niveaux…) ?
Il n’y a pas de sélection de participants. Le tango est accessible à tous. Les cours se déclinent sur plusieurs niveaux lesquels sont ouverts à toute personne intéressée : des simples curieux de passage, jusqu’aux habitués et aux passionnés par cette danse.
Le Tango étant une danse sociale, il n’exclut pas pour des questions relatives à l’âge ou au niveau d’aptitudes (comme les danses académiques) mais réunit dans des étreintes dansées bien souvent plus curatives que simplement récréatives.
Avez-vous un spectacle précis à donner au cours de ce festival à part les cours et les workshops? Si oui, pouvez-vous nous donner des détails et qui est votre partenaire?
Pendant le festival, les ” shows ” donnés sont plutôt des démonstrations de danse que des spectacles montés, mis en scène etc. En ce qui concerne un spectacle proprement dit, Residence Tango héberge un nouveau projet en cours : ” Orientango” une création pour 4 musiciens, deux danseurs et une chanteuse. Sur ce festival je travaille avec Giuliano Gambarelli, danseur et professeur de tango basé en Italie.
Et les autres danseurs invités ?
Les deux couples de danseurs invités ont, chacun à son tour, pendant les bals, une plage horaire d’une vingtaine de minutes pendant laquelle ils effectueront une démonstration de danse pour les personnes présentes.
A quoi vise un tel événement ?
L’objectif de tous les événements autour du Tango : cours, stages, spectacles ou festivals comme le Tunis Tango Fest, est principalement celui de faire connaitre cette culture au plus grand nombre, dans le but de développer la scène du tango locale.
Les festivals sont une sorte de vitrine qui permet de réunir toutes les personnes passionnées par le tango (artistes confirmés, professionnels et amateurs…) et de le faire connaitre à un grand nombre de personnes. Les Festivals passent ensuite la main aux écoles de danse lesquelles continuent à former au jour le jour les gens qui alimenteront les bals, puis les festivals. La boucle est bouclée.
Dans vos entretiens, vous parlez du tango comme non seulement un mouvement corporel mais comme une poésie complexe qui nécessite une véritable méditation comme dans le yoga. Pouvez-vous nous expliquer?
Le tango est un dialogue dansé. Pour s’entendre et communiquer vraiment, il faut être dans un état de calme et de centrage. Le tango est une danse d’improvisation. Le moment dansé est présent. Rien de tangible ne se crée dans les 12 minutes que dure la tanda (série de 3 à 5 tangos du même orchestre qu’on danse avec le même partenaire). L’accent n’est pas mis sur la mémoire comme dans le cas d’une chorégraphie ou dans d’autres danses sociales (comme les danses folkloriques, les danses en lignes). Le tango est créateur de sensations, lesquelles, en revanche, peuvent perdurer pendant des années.
Comme le yoga qui prône le fait d’ “être” plus que de “faire”, le tango réunit deux personnes dans une étreinte qui absorbe tout ce qu’il y a à dire sans mots, d’où l’état méditatif. C’est pour cette raison que souvent l’étranger à l’univers du tango, qui franchit pour la première fois les portes d’une milonga, est frappé, à la vision de la piste par un respect quasi-religieux de cette masse humaine en mouvement.
Donc le tango c’est un peu comme une expérience mystique pour vous?
Vous savez, le tango dans la vie de quelqu’un, n’arrive pas à n’importe quel moment ni par hasard. Dans mon cas, il est venu réunir plusieurs sensations incorporées de par différentes disciplines dansées et sublimer le tout par une dimension introspective laquelle a plus à voir avec la vie en elle même qu’avec la pratique de la danse proprement dite. C’est une véritable expérience mystique. Cette passion m’a amené à créer en 2013 Résidence Tango qui est une plate-forme qui se veut assez complète car elle réunit l’enseignement et la pratique à la création.
En tant qu’enseignante de tango en quoi consiste la pédagogie du tango ?
Quand on enseigne le tango, on aborde la danse sous un angle technique, corporel et musical. Ce qui fait beaucoup de choses à prendre en compte si on considère que la conscience corporelle, chez beaucoup de gens, est loin d’être un acquis.
L’aspect qui reste le plus difficile à aborder est celui de la “entrega” qu’on pourrait traduire par le fait de ” se donner ” à l’étreinte et à la danse, la confiance dans le partenaire, le fait de placer la danse dans une dimension de création, dans le moment présent et d’accepter sa condition éphémère.
Après Tunis Tango Fest, quel sera votre prochain rendez-vous et vos projets futurs?
Réponse : Les projets futurs de Residence Tango en Tunisie consistent en la mise en place de ” Orientango”, un spectacle qui décrit à travers une trame la place du tango comme danse de couple dans le monde arabe (https://www.facebook.com/Orientango-1415022418570312/)
Cependant, les projets les plus immédiats concernent la reprise, à partir de janvier 2018, des cours réguliers sur le grand Tunis. Les cours sont destinés à tous les niveaux, de l’initiation aux niveaux les plus confirmés avec au programme différents intervenants étrangers. D’autres projets sont en cours mais restent secrets pour le moment.
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